Vente du groupe Taittinger : Ces messieurs de la famille30/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/07/une1926.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Vente du groupe Taittinger : Ces messieurs de la famille

L'annonce de mise en vente du groupe Taittinger a fait grimper le cours de son action de plus de 10% en une seule journée, alors qu'il avait déjà augmenté de 44% depuis janvier. Les trente-huit héritiers Taittinger ont ainsi augmenté leurs avoirs de 50%... en dormant.

Le groupe est constitué d'hôtels de luxe comme le Crillon et le Lutetia à Paris ou le Martinez à Cannes; de 800 hôtels de chaînes (Campanile, Concorde...); du champagne Taittinger et de quelques autres vignobles; de marques de luxe dans le parfum et le cristal. Le tout est estimé à deux milliards d'euros et plus de 7000 emplois.

Les Taittinger représenteraient ce que les journalistes appellent le «capitalisme familial», probablement parce qu'une partie de la réussite de cette famille vient des beaux partis qu'elle a su trouver pour ses rejetons. Ils ont en effet épousé qui les balances Testut, qui les cognacs Rouyer, qui la banque Worms... Mais le sens de la famille ne serait rien sans le dévouement au bien public, aussi la famille Taittinger à toujours donné des députés et des ministres. Chez les Taittinger on se doit de respecter la religion catholique et la propriété privée, mais, en politique, on peut choisir: c'est la droite ou l'extrême droite.... Ainsi Pierre fut député dans les années 1920, fondateur des Jeunesses Patriotes (fascistes), président de la municipalité de Paris sous Pétain et, à ce titre, incarcéré à la Libération; son fils, Jean, a été député gaulliste de la Marne, maire de Reims, ministre de Pompidou; l'autre fils, Pierre-Christian, a été sénateur giscardien, maire du XVIe arrondissement de Paris et secrétaire d'État; le petit-fils, Frantz, a été maire d'Asnières et est député UMP des Hauts-de-Seine.

Pourtant la fortune des Taittinger ne vient pas de leurs coups financiers ni de leurs habiletés politiques ou matrimoniales. Les ouvriers de la cristallerie Baccarat, dans les Vosges, qui ont subi 115 licenciements (sur 780 emplois), en 2003, disaient que le groupe Taittinger était amplement bénéficiaire mais voulait faire la même production avec moins de personnel. Les ouvriers de la branche champagne ont eu également à subir des restructurations. Quant aux employés de l'hôtel Crillon ils ont dû faire grève, à plusieurs reprises, pour demander l'embauche des salariés temporaires et, en 1991 déjà, ils dénonçaient le fait que sur 300 employés, 58 étaient des stagiaires non rémunérés.

Il n'y a pas de miracle. Même chez les Taittinger, l'argent ne tombe pas du ciel.

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