Une Bourse au CO2, en France : De la pollution à revendre30/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/07/une1926.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Une Bourse au CO2, en France : De la pollution à revendre

C'est au moment où on parle, par ces temps de grosses chaleurs, d'alertes à la pollution, de niveau 1, 2 ou 3 du plan canicule, où on disserte sur les gaz à effet de serre, qu'une Bourse à la pollution vient d'ouvrir en France. Elle a pour nom Powernext Carbon, filiale de la Bourse de l'électricité Powernext. Cette Bourse en ligne sur Internet permet, comme trois autres Bourses européennes ayant ouvert en février, mars et avril, l'achat et la vente de «permis de polluer».

Les émissions de gaz carbonique (CO2), le principal gaz à effet de serre, provoquent des dégâts considérables sur l'environnement que l'on entend dénoncer, à juste titre, dans la presse. Et les hommes politiques de tous pays se réunissent périodiquement et s'engagent solennellement à limiter ces dégâts. Les milieux industriels ont tendance à considérer que ce sont des bâtons qu'on leur met dans les roues. Mais pour certains, cela devient un marché prometteur, qui va leur permettre de commercer et de spéculer.

Les États européens se sont engagés à limiter à deux milliards de tonnes les émissions en CO2 de leurs industriels, et à inciter ceux-ci à rendre leurs usines moins polluantes. Pour ce faire, chaque usine des secteurs gros pollueurs (électricité, métallurgie, chimie, ciment, pétrochimie) a reçu pour 2005 un certain nombre de «permis de polluer», en fonction de sa pollution actuelle, de ses objectifs pour la réduire et de ses perspectives de croissance. Chacun de ces «permis» correspond à une tonne de CO2. La France n'a reçu que 156000 tonnes de droit de polluer, parce que son électricité, presque toute nucléaire, n'occasionne pas de rejets de CO2.

Quand une usine pollue moins que prévu, elle peut mettre en circulation les «permis» qu'elle n'a pas utilisés. Si au contraire, elle pollue plus que prévu, elle devra à partir d'avril 2006 payer une amende de 40 euros par tonne, ou alors trouver à acheter des «permis». C'est là qu'interviennent les Bourses de la pollution, pour mettre en contact vendeurs et acheteurs de «permis» et fixer un prix en fonction de l'offre et de la demande. Ce marché de la pollution a été ouvert au 1er janvier 2005, et déjà les prix flambent. On envisage même l'interconnexion de ces Bourses à l'échelle mondiale.

La vente des «permis» excédentaires permettra de maintenir le quota de pollution prévu. Pour l'environnement, le bénéfice devrait être nul, ventes et achats s'équilibrant.

Cela aura permis de faire de la pollution une nouvelle marchandise, cotée, rentable, échangeable, et dont on craint déjà qu'elle ne provoque une «bulle» financière, comme l'immobilier ou le pétrole. C'est un des aspects de leur «économie de marché».

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