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Leur société
Saint-Denis : La police tente d’appliquer la méthode Sarkozy
Assane Samb, représentant de la Coordination nationale des sans-papiers, a passé près de 48 heures en garde à vue, après avoir été frappé violemment par des policiers. Il souffre de plusieurs traumatismes.
Il se rendait lundi 20 juin au commissariat de Saint-Denis pour demander des nouvelles d'un sans-papiers arrêté l'après-midi même, à la suite d'un contrôle de routine, accompagné de la compagne du sans-papiers, qui désirait savoir si d'autres chefs d'inculpation pesaient sur son compagnon. Ils sont tombés sur un agent qui niait détenir ce sans-papiers. Arrogante, une femme policier leur a même dit: «Qu'est-ce que vous croyez? Vous vous imposez ici, vous faites des occupations partout. Vous vous croyez tous les droits.» Assane Samb lui a rétorqué que la compagne du détenu, appelée d'ailleurs par le commissariat, avait le droit de savoir ce qu'était devenu son compagnon et que lui venait au titre de la Coordination pour obtenir de ses nouvelles.
L'agent a alors appelé de l'aide pour les faire sortir, puis a fait appel à de nouveaux agents pour les faire sortir de la cour. Prétextant alors qu'Assane Samb ne se laissait pas faire, les policiers l'ont jeté à terre et roué de coups. Il a été ensuite amené dans le commissariat, menotté. Les policiers ont tenté de le provoquer, mais Assane Samb n'est pas tombé dans le panneau, se contentant de répondre posément.
Dès minuit, des amis d'Assane, prévenus par la compagne du sans-papiers, commencèrent à téléphoner au commissariat.
Le lendemain, un officier a pris la déposition du détenu et a prétendu, pour justifier son arrestation, que ce dernier avait proféré des insultes telles que «enc.., sales Blancs, etc.» afin de l'inculper d'outrages et de rébellion. Assane Samb a nié ces faits totalement inventés. Les policiers l'ont auditionné trois autres fois, tentant de le faire revenir sur sa déposition.
Entre-temps, les soutiens de la Coordination s'étaient organisés. Plus de cinquante militants d'associations et d'organisations politiques (PCF, LCR, LO) se sont retrouvés devant le commissariat pour exiger la libération d'Assane, après ses 24 heures de garde à vue. Des policiers l'ont conduit au commissariat de Villetaneuse, par crainte, dirent-ils, d'une «émeute» qui se déroulait à Saint-Denis. Le commissaire a accepté de recevoir une délégation composée de la femme d'Assane Samb, de Patrick Braouezec (ancien maire PCF de Saint-Denis et président de la communauté d'agglomération) et d'une adjointe au maire et a affirmé que, le détenu n'étant pas sur place, il ne pouvait pas leur donner plus d'informations.
Mercredi, après une ultime tentative pour contraindre Assane à reconnaître l'outrage, les policiers l'ont relâché. La police maintient l'accusation d'outrage à agent mais a abandonné le chef d'accusation de rébellion, le jugement devant avoir lieu le 6 décembre. Assane Samb a porté plainte pour coups et blessures. Le commissariat de Saint-Denis n'en est pas à sa première plainte. Il y a actuellement 25 policiers de ce commissariat mis en examen, 6 pour proxénétisme et viols, les autres pour violence sur des particuliers.
Sarkozy, qui se targue de jouer le monsieur Propre de la banlieue, devrait commencer à faire un sérieux ménage dans les effectifs de la police de Saint-Denis!