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Leur société
Médecins étrangers : Les faux remèdes de Douste-Blazy
Les médecins étrangers, appelés ainsi parce qu'ils n'ont pas le diplôme français, assurent la grande majorité des gardes de nuit et des urgences, jusqu'à 65% dans certains services hospitaliers.
Bien des directeurs d'hôpitaux admettent que, sans eux, ils ne pourraient pas faire fonctionner leur établissement, de nuit et même parfois de jour. Les mêmes qui reconnaissent leurs compétences, puisqu'ils leur confient des malades et des tâches, urgences et gardes, qui sont parmi les plus lourdes dans un hôpital... les font travailler sous des contrats précaires de quelques mois, au bout desquels ils peuvent être congédiés sans délai, pour des salaires inférieurs parfois de moitié à ceux des médecins ayant un diplôme français. La seule raison: la non-reconnaissance de leur diplôme de médecin... mais pas de leurs compétences.
Cela fait des années que des médecins étrangers pallient la pénurie de médecins hospitaliers, pénurie qui n'est que le reflet de la politique d'austérité menée par tous les gouvernements. Qui ne connaît les heures d'attente dans des services d'urgence bondés, ou la difficulté pour prendre rapidement un rendez-vous?
Depuis près de vingt ans, des milliers de médecins étrangers se sont battus, obtenant quelques améliorations. En 1995, Simone Veil leur a permis d'obtenir une équivalence en passant un concours. En 1999, Bernard Kouchner «régularisa» en partie la situation de plus de 7000 médecins étrangers, mais il fixa à 2001 la date limite de ses mesures et interdit le recrutement de tout nouveau diplômé hors de l'Union européenne.
Et comme le flux des médecins étrangers ne s'est pas tari, tant les besoins des hôpitaux restent importants, ce sont maintenant ces médecins venant de pays hors de l'Union européenne qui protestent. Le journal L'Express rapporte le témoignage d'un jeune médecin généraliste bulgare arrivé en 2000 dans la région lyonnaise. Il fait des gardes ponctuelles «au noir» dans un hôpital spécialisé en réadaptation. Officiellement il est aide-soignant -et en a donc la paye- mais en cas de besoin, il examine les malades et leur prescrit des traitements, que ses collègues français valident après coup... Et cet exemple n'est pas unique, puisqu'on estime à 3000 le nombre de ces médecins étrangers «hors UE».
En septembre 2004, devant leurs protestations, Douste-Blazy avait annoncé la mise en place d'un examen annuel, fixant en fonction des besoins le nombre de postes ouverts par service et par spécialité, les candidats étant jugés sur leurs connaissances pratiques, fondamentales, et leur maîtrise du français. Mais pour 2005 Douste-Blazy avait généreusement annoncé 200 postes pour... 3000 candidats. Avant de partir du ministère, il a proposé 250 postes. À ce rythme-là ce n'est pas cent jours mais plus de dix ans qu'il faudra.