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Italie : La CIA et ses sous-traitants
La justice italienne a lancé un mandat d'arrêt contre treize agents de la CIA pour l'enlèvement à Milan, en février 2003, d'un imam égyptien soupçonné de terrorisme. Après l'avoir conduit sur la base américaine d'Aviano (au nord de Venise), ils l'ont ensuite livré aux autorités égyptiennes en vue «d'interrogatoires».
Incarcéré en Egypte, l'imam Abou Omar a été sévèrement torturé, au point que sa santé en est détériorée. Relâché en avril 2004, il a été de nouveau emprisonné un mois plus tard pour avoir dénoncé ces tortures en téléphonant à ses proches et, depuis février 2005, sa famille n'a plus de nouvelles. La demande d'extradition faite par les autorités italiennes est restée sans réponse. Le dossier médical, qui certifiait des violences subies, a disparu entre le Caire et Milan.
Pour mener cette opération commando, les agents de la CIA, dont un ex-consul américain à Milan, ne se sont même pas cachés, menant la grande vie dans des hôtels de luxe à Milan et Venise, payant toutes leurs dépenses avec leurs cartes de crédit, etc. Quelques jours après l'enlèvement, ils ont déclaré que l'imam s'était enfui en Bosnie, et ont fait circuler le bruit qu'il «n'en pouvait plus de sa femme»!
Ce mauvais scénario dévoile les méthodes employées par les services secrets américains, avec l'aval de leur gouvernement. Forts de ce qu'ils jugent être leur «bon droit» dans la traque des terroristes, ils ne s'embarrassent d'aucune légalité. Ainsi, le Premier ministre égyptien a reconnu naïvement dans une interview que la pratique de «livraison» de personnes jugées indésirables est «désormais admise et officialisée. Je n'en connais pas le nombre, disons qu'il y a eu entre 60 et 70 cas». Et combien dans d'autres pays, tels le Pakistan, l'Indonésie, l'Arabie Saoudite, etc. ?
Pour le gouvernement américain, cette façon de neutraliser les personnes qu'il juge indésirables présente l'avantage de la discrétion -sauf quand l'amateurisme des cow-boys qu'il emploie révèle ces pratiques au grand jour. Alors que l'arbitraire des détentions sur la base de Guantanamo, à Cuba, et les conditions dans lesquelles elles se font sont de plus en plus critiqués, y compris aux USA, il y a de plus en plus recours à cette sorte de «sous-traitance» auprès d'États et de gouvernements complaisants.
Mais cela n'empêche pas ce même gouvernement de donner des leçons de démocratie au reste du monde, et d'exhorter les pays arabes à «plus de démocratie», comme l'a fait Condoleezza Rice dans sa tournée au Moyen-Orient.