Italie : Canicule et capitalisme30/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/07/une1926.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Canicule et capitalisme

L'Institut italien des statistiques (ISTAT) a annoncé lundi 27 juin que la canicule de l'été 2003 a fait 20000 victimes, et non 8000 comme l'avait annoncé alors le ministère de la Santé.

En Italie, la catastrophe apparaît maintenant dans toute son ampleur, mais cela nous rappelle qu'en France aussi la transparence n'était pas de mise. Après avoir nié le drame (Mattéi, ministre de la Santé, déclarait depuis son lieu de vacances qu'il n'y avait pas de problèmes), le gouvernement a finalement dû faire son mea culpa en admettant que la canicule avait fait 14947 morts, et au passage il essaya de faire porter le «chapeau» à la population en menant une campagne choquante sur le manque de solidarité avec les personnes âgées. Mattéi perdit finalement son poste de ministre mais devint président de la Croix-Rouge...

Aujourd'hui une nouvelle vague de canicule frappe l'Italie, où elle a déjà fait sept victimes. En France, on compte deux victimes pour l'instant. Le ministre de la Santé a débloqué 180 millions d'euros pour les services d'urgence des hôpitaux et a placé plusieurs régions en «alerte». Toutes ces mesures sont certainement utiles mais comme le dit le médecin urgentiste, Patrick Pelloux, elles viennent toujours un peu tard, car ce n'est pas au moment des plus fortes chaleurs qu'il est temps d'installer des salles climatisées.

En Italie les gouvernements qui se sont succédé sous la direction de Prodi ou de Berlusconi ont mené la même politique qu'ici, en France, les gouvernements Jospin et Raffarin: suppression de lits d'hôpitaux, augmentation du forfait hospitalier etc... pour parvenir au «contrôle», c'est-à-dire la réduction des dépenses de santé. Selon un récent rapport de l'ISTAT, le niveau des dépenses de santé qui restent à la charge des familles italiennes a plus que doublé en dix ans. Les lits d'hôpitaux ont été supprimés par dizaine de milliers. Un rapport officiel européen indique que, toujours en Italie, il fallait, en 2003, attendre trois à cinq mois pour un scanner, quarante à soixante jours pour une échographie ou encore huit à douze mois pour une prothèse. En France c'est la même politique qui est systématiquement menée. Un dernier exemple étant la décision en mars 2005 de l'Assistance Publique de Paris de supprimer d'ici 2010, 1820 lits sur 70000 existants, ainsi que 800 lits de long séjour en gériatrie, alors même que les discours officiels soulignent l'attention qui devrait être portée aux personnes âgées!

En France comme en Italie, la même politique produit les mêmes effets. À rogner dans le domaine de la santé, on ne peut qu'aller vers de nouvelles catastrophes, qu'elles soient dues à des situations exceptionnelles comme la canicule ou une vague de froid ou au fonctionnement quotidien des hôpitaux toujours au bord de la rupture.

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