Île de la Réunion : Filière canne,les capitalistes se sucrent toujours30/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/07/une1926.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Île de la Réunion : Filière canne,les capitalistes se sucrent toujours

Après de longues tractations qui ont débuté à la fin de l'année 2003, le projet de réforme du règlement sucrier européen vient d'être adopté. Il s'est conclu par une diminution de 39% du prix de la tonne de sucre à partir de 2007. Concernant les quotas, aucune baisse n'a été demandée.

Le secteur sucrier était un des pans de la Politique agricole commune à ne pas avoir été réformé. Mais après la condamnation de l'Union européenne par l'Organisation mondiale du commerce, qui estimait que l'ancien règlement faussait la concurrence, c'est maintenant chose faite. L'Union européenne, qui est devenue le second producteur mondial de sucre, va donc réviser les prix à la baisse. La tonne de sucre passera de 550 euros à 335 euros, encore bien au-dessus du cours mondial qui s'établit à environ 175 euros la tonne.

Les usiniers qui transforment la canne, et dont certains avaient déjà anticipé la baisse des prix, en investissant par exemple dans d'autres secteurs économiques, vont de toute façon répercuter la baisse sur les planteurs. Les usiniers n'y perdront rien, d'autant que les subventions liées au transport du sucre qui devaient être supprimées, ont été finalement maintenues dans leur presque totalité. À ce propos, le représentant des usiniers s'est dit satisfait, même s'il considère que le compte n'y est pas. La perte concernant l'aide au transport se montant à 3 millions d'euros, il souhaite obtenir de l'État une compensation totale.

Concernant les producteurs des régions ultra-périphériques (y compris les planteurs donc), la compensations sera de 75%. Pour ceux de métropole et d'Europe, la compensation sera moindre: 60%. Dès l'annonce de ces mesures, les politiciens de l'île ainsi que les syndicats des planteurs et des usiniers ont estimé que le pire, pour eux, avait été évité et que la prochaine étape serait de demander à l'État de compenser les 25% restants. Tous ces gens qui ne jurent que par leur liberté d'entreprendre, qui revendiquent sans cesse moins d'étatisme, ne sont pas gênés de tendre la sébile, dès qu'une petite égratignure risque d'atteindre leurs profits. En fait, ce qu'ils veulent, c'est que l'État dépense le moins possible pour les services publics collectifs, afin de leur réserver le plus de fonds possibles.

Et dans toutes ces affaires, personne ne dit mot des travailleurs de la filière, des ouvriers agricoles ou des chauffeurs de camions qui transportent les cannes. Ceux qui travaillaient à la SANE, filiale du groupe Quartier français avaient connu une baisse de 300 à 400 euros sur leur salaire, avant d'être tout simplement licenciés pour certains. Le patron de la SANE a en effet décidé de sous-traiter une bonne partie de ses activités à différentes entreprises qui paient leurs chauffeurs au smic et les font travailler dans des conditions pénibles.

Ce sont donc les patrons et autres détenteurs de capitaux qui s'en sortent bien, avec le concours des politiciens locaux, nationaux et européens. Par contre, les travailleurs sont comme d'habitude les laissés pour compte.

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