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Guadeloupe : Succès de la grève des travailleurs de la SORI
Les travailleurs de la SORI, filiale de la Servair chargée entre autres du nettoyage des avions et de la préparation des repas pour les compagnies aériennes, en grève depuis plus de deux mois, ont finalement pu reprendre le travail la tête haute, après avoir gagné. C'est au cours de la réunion de conciliation constituée du préfet, des syndicats les plus importants de l'île et d'une brochette de patrons, le mercredi 22 juin, que les dirigeants de la SORI ont cédé. Certes, la secrétaire administrative dont le licenciement avait été à l'origine de la grève, n'a pas été réintégrée, ayant, dans une lettre envoyée il y a plusieurs jours, refusé de l'être. En effet malgré toutes les recommandations de ses camarades, cette salariée avait «craqué» suite aux pressions énormes qu'elle avait dû subir. Elle s'était publiquement désolidarisée des grévistes. Les patrons avaient cru faire échouer la grève par cette opération de harcèlement moral, notamment par menaces au téléphone. Mais ils furent contraints d'accepter de lui assurer une formation de qualité et ils affecteront 4000 euros à cette formation.
Par ailleurs, douze camarades ont été embauchés à plein temps alors qu'ils touchaient des salaires de misère à mi-temps. Deux travailleurs seront embauchés sur des postes techniques. Rappelons qu'au début de la grève les patrons refusaient tout geste à l'égard de la secrétaire et proposaient seulement... trois passages à plein temps. Ces dernières années aucun départ à la retraite n'était remplacé. De plus, pendant la négociation, les patrons ont menti effrontément, déclarant qu'il n'y avait eu que cinq départs à la retraite au lieu de huit en réalité. De même les grévistes ont appris que la soi-disant perte d'un gros client, «Air Caraïbes» (le second après Air France) était un mensonge pour démoraliser les travailleurs pendant la grève. Les patrons utilisaient cet argument pour refuser de faire passer douze travailleurs à plein temps. Ils ont aussi appris que la SORI réalisait des bénéfices substantiels alors que les patrons avaient au cours de la grève déclaré qu'ils allaient fermer si le mouvement se poursuivait. Apparemment la poule pond toujours des oeufs d'or, raison pour laquelle les patrons ont préféré céder. D'ailleurs, ne disaient-ils pas en privé pendant la grève: «On pourrait céder sans problème... cela ne nous coûte pas grand-chose mais on ne cédera pas. Question de principe», propos qui prouvent bien que ce que craignent les patrons, plus que d'avoir à lâcher quelques sous c'est bien un succès des grévistes, qui renforce leur moral, sert d'exemple, rééquilibre le rapport des forces dans l'entreprise et peut être contagieux.
Toutes les manoeuvres ont donc été déjouées pendant la grève et au cours des négociations. Notons que tous les grévistes présents ont pu pénétrer dans la salle de négociations, suivre les débats et intervenir.
Pour sûr les patrons ont été sensibles à la fermeté des grévistes, au soutien qu'ils ont rencontré de la part d'autres travailleurs et de militants syndicaux de la CGTG, de l'UGTG. Même des touristes se sont arrêtés devant le piquet de grève pour discuter. La détermination des grévistes, confortée par ces soutiens, a finalement fait reculer le patron.