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Dans les entreprises
Carrefour Perpignan-Claira : Le patron mis en examen pour délit de marchandage
Pas besoin de circulaire Bolkestein pour trouver des salariés en France qui sont réduits à travailler dans des conditions scandaleuses, pour presque rien. À Carrefour Claira, près de Perpignan, mais aussi dans les autres Carrefour et dans la grande distribution en général, depuis des années, des salariés travaillaient dans les magasins, payés par les fournisseurs ou par des sociétés prestataires de main-d'oeuvre. Cette pratique illégale est interdite par le code du travail: c'est du prêt illicite de main-d'oeuvre, un délit de marchandage.
À Carrefour Claira, une perquisition a eu lieu en janvier 2002, menée par un juge entouré de nombreux gendarmes et d'inspecteurs du travail. Depuis, l'affaire a suivi divers rebondissements. Une perquisition menée par le juge en région parisienne à Interdis, une centrale d'achats filiale de Carrefour, a permis à la justice d'établir la réalité du délit de marchandage, mais aussi son ampleur. 45 sociétés ont été mises en examen, dont Carrefour et Interdis, mais aussi 43 entreprises, fournisseurs ou entreprises prestataires de main-d'oeuvre, le directeur de Carrefour Claira à l'époque des faits, le directeur de Carrefour France du moment et le directeur de la filiale Interdis. Ce côté judiciaire de l'affaire a mis un coup d'arrêt, pour l'instant, à cette pratique illégale. Au seul niveau de Carrefour, non seulement environ 5000 salariés travaillaient en étant payés directement ou indirectement par les fournisseurs, mais leurs rémunérations étaient inférieures de 37% à 50% à celles des employés de Carrefour.
À Carrefour Claira, une de ces salariées a travaillé 18 ans dans ces conditions, avec des dizaines de contrats de travail par mois, tous illégaux, mais surtout scandaleux: des contrats de travail à durée indéterminée d'une demi-heure par semaine ou des contrats de travail à durée déterminée de 10 heures par semestre. On imagine le nombre de fiches de paie que cela représente! Mais ce n'est pas le pire. Ces employés sans droits devaient subir l'humeur dictatoriale de certains petits chefs qui les considéraient à leur botte. La moindre contestation conduisait à la réduction des heures de travail ou à leur suppression pure et simple.
Pour montrer à la justice que Carrefour avait cessé ces pratiques délictueuses, la direction a établi un plan d'embauche de ces salariés. Le résultat est que, sur environ 5000 salariés concernés, seulement 300 ont été embauchés par Carrefour, et pas tous à temps complet. Les autres sont passés à la trappe.
On ne connaît pas encore la fin judicaire de cette histoire qui est en cours depuis des années, ni si les dirigeants de Carrefour incriminés seront condamnés. Par contre, «Momo», délégué syndical CGT de Carrefour «le Merlan» à Marseille, a fait, lui, douze jours de prison dans le cadre d'un jugement en comparution immédiate pour des faits mineurs et le directeur du magasin a engagé une procédure de licenciement à son encontre. Ce même directeur est celui mis en examen à Carrefour Claira.
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