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Leur société
Travail de nuit et du dimanche : Borloo s'attaque aux apprentis
Au fur et à mesure des débats au Sénat et à l'Assemblée nationale, les différents articles du projet de loi Borloo dit "de cohésion sociale" révèlent l'ampleur des attaques contre les droits des travailleurs, même si le ministre jure le contraire.
La situation des apprentis n'échappe pas à la règle. Le 16 juin, les députés ont voté l'extension du travail de nuit, du dimanche et des jours fériés aux apprentis mineurs, dans certaines professions.
Théoriquement, jusqu'à présent, tout travail de nuit, entre 22 heures et 6 heures du matin, est interdit aux moins de dix-huit ans. Des dérogations existent déjà "à titre exceptionnel", comme dans la boulangerie où les apprentis commencent à 4 heures du matin. Les derniers amendements à la loi Borloo permettent maintenant d'étendre cette dérogation aux pâtissiers sous prétexte qu'il s'agit presque du même métier; les apprentis du milieu hippique pourront eux aussi travailler entre vingt-deux heures et minuit: il est difficile d'invoquer la même justification mais il s'agit là, paraît-il, de "concrétiser leur apprentissage en rencontrant d'autres professionnels" lors des courses en nocturne.
Quant au travail du dimanche et des jours fériés, il est réclamé par les patrons des "métiers de bouche" qui se sentent brimés par les articles du code du travail. Le député UMP Daniel Fidelin, chaud partisan de l'abrogation de cet interdit, a déjà sévi en février dernier en faisant voter un amendement autorisant le travail de nuit des apprentis majeurs; il récidive et plaide la cause des boulangers, pâtissiers, restaurateurs auxquels il aimerait adjoindre "les hôteliers et les fleuristes". Pourquoi pas "les péages, stations-services et garages d'autoroute?" lui a rétorqué un député communiste.
En effet, on ne voit pas où la liste des "métiers spécifiques" peut s'arrêter, puisque dans toutes les professions les horaires sont de plus en plus fous et que, "conformément à l'esprit de la loi de cohésion sociale", l'apprentissage doit se développer "dans le respect des pratiques existantes", c'est la porte ouverte à n'importe quoi et surtout à la satisfaction des désirs des petits et grands patrons.