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Leur société
Thierry Breton provoque les travailleurs et les chômeurs
Depuis la formation du nouveau gouvernement, les ministres se succèdent devant les médias et c'est à qui dressera le tableau le plus alarmant de l'économie pour justifier de nouvelles attaques contre la population laborieuse. Sous prétexte de "réalisme" et de "parler vrai", le ministre de l'Économie et des Finances, Thierry Breton, n'a pas fait exception lors de sa dernière conférence de presse. Après avoir affirmé que les perspectives de croissance devaient être revues à la baisse, il a proclamé que "la France vit au-dessus de ses moyens", et que si l'on voulait maintenir les acquis sociaux il allait falloir "travailler plus".
Breton a notamment regretté que l'on n'ait "pas assez expliqué aux Français la situation des finances publiques". Pourtant, à le croire, les finances de l'État seraient plombées par le poids de la dette publique qui atteint aujourd'hui 1 100 milliards d'euros. Il en résulte une charge pour le budget qui pourrait dépasser 48 milliards l'an prochain. "Il faut dire la vérité", déclare le ministre, "l'impôt sur le revenu ne sert pas à financer des écoles ou des hôpitaux mais à payer les intérêts de la dette". Certes, mais qui porte la responsabilité de cette dette exorbitante si ce n'est les gouvernements qui, depuis vingt cinq ans, l'alourdissent notamment en multipliant les subventions et les exonérations de charges aux entreprises?
Pour redresser les comptes de l'État, le ministre de l'Économie prétend n'avoir qu'une solution, il faut "travailler plus". Et Breton de montrer du doigt les jeunes, les femmes et les seniors qui auraient en France le taux d'emploi "le plus faible d'Europe". Comme si les chômeurs l'étaient par choix! Comme si ceux qui dirigent les entreprises n'étaient pas responsables de ce chômage, du travail précaire imposé aux jeunes, du temps partiel imposé aux femmes et des licenciements qui laissent les travailleurs de plus de 50 ans sans perspective de réembauche!
Quant aux solutions de Breton, elles ne changent guère de celles de ses prédécesseurs: il parle d'augmenter les aides aux entreprises sous couvert d'aides à l'innovation ou d'aide à l'exportation, de lever certains "blocages" par exemple par la suppression de la taxe sur les licenciements des salariés de plus de 50 ans, d'instaurer des contrats d'emploi encore plus précaires, etc.
Comme Villepin et Sarkozy, Breton ne veut pas être en reste. Pour satisfaire le patronat et la fraction la plus réactionnaire de l'électorat de droite, il assène lui aussi des propos démagogiques à l'égard des salariés et des chômeurs. Ceux-ci ne peuvent que trouver de plus en plus insupportable cette succession de déclarations et de mesures provocantes.