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Dans les entreprises
Thales : Le Salon du Bourget et la réalitédes licenciements
Le salon aéronautique du Bourget a fermé ses portes. C'était l'occasion pour les patrons de l'aéronautique et de l'armement de parader sur leurs affaires et leurs projets. Et le Monopoly n'arrête pas: Thales, Dassault, Lagardère, Tchuruck (Alcatel), Finmeccanica (trust de l'armement italien), (DCN Chantiers Navals)... c'est à qui avalera l'autre, en entier ou par morceaux. Derrière la valse des milliards qui passent d'une poche à l'autre et les regroupements de l'industrie d'armement, ce sont des centaines de suppressions d'emplois avant, pendant, et après les restructurations.
Devant l'inquiétude sur l'avenir qui touche même les ingénieurs et cadres, le Pdg de Thales (Ranque) a diffusé un show retransmis en direct et par satellite sur grand écran dans la plupart des centres, dans le but de rassurer et de faire retrousser les manches, sur le thème: "Quels que soient les accords, il faut l'effort de tous... aller de l'avant... tous ensemble... il faut être fier d'être Thales... etc." et dans tous les cas dégager 600 millions d'euros. De quelle manière?
En 2005, c'est déjà en supprimant un millier de personnes dans à peu près tous les centres (ça passe mieux que dans un seul): de quelques centaines comme à Brest, Sophia/Antipolis (Nice), Bagneux, Conflans, Limours, Fleury-les-Aubrais, Rouen, à quelques dizaines à la Ferté-Saint-Aubin, Guyancourt, Rennes, Chateaubourg. On en oublie peut-être! Les syndicats ont lancé des barrages juridiques contre le plan "social" de Thales Air Defence annoncé en juillet 2004 (à Bagneux) par exemple, mais la direction a suivi sa ligne et le plan a démarré en mars 2005. Cela a provoqué une semaine de blocage des centres de Fleury-les-Aubrais et Limours, sous l'impulsion de militants de Supper (Sud).
Les salariés mis sur le plan devaient quitter leur poste et rejoindre les cellules/emploi installées dans chaque centre, avec bureau, téléphone, PC et interlocuteurs d'une filiale de Manpower (les licenciements créent des emplois!) pour proposer, paraît-il, des postes en interne, et surtout en externe... C'était une ANPE interne en quelque sorte. Les syndicats ont obtenu que les antennes emploi restent sur les sites, et non à l'extérieur comme aurait préféré la direction.
Cela entraînera-t-il de nouvelles réactions des salariés? Les licenciements ont beau se faire sous notre nez, ça ne ressemble pas à des licenciements. Pour presque tous les salariés, y compris les intéressés, il s'agit de reclassement! Pour quelques-uns, cela marche, rarement sur place, mais dans des filiales ou à l'extérieur, et c'est long! Il peut arriver qu'on mette trois semaines pour obtenir un rendez-vous avec un chef qui vous aiguille vers le "bon" responsable, avec trois nouvelles semaines de délai à la clef, et ne rien obtenir au bout.
À ce rythme, la période accordée pour être reclassé expire vite... Là, on nous expliquera sans doute qu'on ne peut plus rien pour nous... Cela sera presque de notre faute! La méthode est rodée depuis longtemps. Il n'y a pas besoin de lois nouvelles avec CDD sur deux ans. Le Pdg se vante d'embaucher, mais Thales licencie sans problème qui il veut depuis des années. Des commissions de suivi avec les "partenaires sociaux" règlent des cas trop litigieux, et accompagnent les autres jusqu'à... la porte.
À peine le plan 2005 était-il mis en place qu'une autre restructuration était annoncée cette semaine avec l'éclatement du centre de Bagneux vers Fleury-les-Aubrais d'un côté (à plus de 100km) et Limours (30km au sud de Bagneux).
Une annonce semblable avait, il y a une quinzaine d'années, déclenché un mouvement de protestation jamais vu sur ce centre. Alors, celle-ci aura-t-elle le même effet?
C'est ce qu'on peut espérer.