RATP - SNCF - RER : Travailleurs et usagers, "otages" du gouvernement et de la Région24/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1925.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

RATP - SNCF - RER : Travailleurs et usagers, "otages" du gouvernement et de la Région

Le 1er juillet, le STIF (Syndicat des transports en commun de l'Île-de-France) doit passer sous le contrôle de la Région Île-de-France. Jusqu'alors, il était sous tutelle du gouvernement et était présidé par le préfet de région. Désormais, il sera sous la tutelle de la Région et des autres collectivités locales d'Île-de-France, chargées de la gestion des transports en commun, qu'il s'agisse des lignes SNCF, du RER ou de la RATP.

Quelques jours avant de passer la main au Conseil régional d'Île-de-France, le dernier conseil d'administration du STIF a voté des mesures dirigées contre les salariés. En particulier, il a décidé qu'un "service garanti" devrait être prévu en cas de grève, avec 50% du trafic assuré par la RATP et 33% par la SNCF, sous peine de pénalités financières.

Sous prétexte de se préoccuper du sort des millions d'usagers des transports en commun, Chirac avait promis d'instaurer un service minimum lors de sa campagne présidentielle de 2002. Aujourd'hui, le STIF passe à l'acte et laisse le soin au Conseil régional à majorité PS-PCF de le faire appliquer! Il espère qu'en cas de grève le mécontentement des usagers se dirigera contre les partis de gauche à la tête du STIF, et non contre le gouvernement... sans oublier les travailleurs de la RATP et de la SNCF, encore une fois pointés du doigt au passage comme s'ils étaient responsables des désagréments vécus par la population.

Les usagers, qui sont en très grande partie eux aussi des travailleurs, savent qu'aucun salarié ne fait grève sans raison sérieuse, et encore moins pour importuner les usagers. Les travailleurs des transports en commun, qui fonctionnent selon des horaires permettant aux usagers de se déplacer à toute heure et y compris le week-end, sont certainement plus soucieux des usagers que ne l'est la direction de la SNCF ou de la RATP, sans parler des notables et autres hauts fonctionnaires qui trônent dans les organismes comme le STIF. En fait les travailleurs sont payés -mal- pour savoir que ce qui perturbe plus encore le trafic, c'est la politique d'économies poursuivie par la SNCF comme par la RATP: les entretiens et le renouvellement des matériels ne sont pas à la hauteur des besoins, et les suppressions d'emplois contribuent à faire que se dégradent aussi bien les conditions de travail que les conditions de transport des voyageurs.

Jean-Paul Huchon, président socialiste du Conseil régional d'Ile-de-France, a fait savoir qu'il était "exaspéré" et "indigné" par la grossière manoeuvre du STIF. Il a même déclaré qu'il rouvrirait le débat sur cette question du "service garanti" et qu'il pourrait "revenir sur ces deux avenants qui peuvent se faire et se défaire". Mais ce que Huchon ne digère pas, et on le comprend, c'est le fait que le gouvernement ne transfère pas dans le même temps les ressources que lui réclamait le Conseil régional pour faire fonctionner les transports en commun. Il réclamait 730millions d'euros (dont 200millions annoncés pour le renouvellement du matériel roulant) alors qu'il ne recevrait que 529millions. Du coup, Huchon déclare que, entre autres mesures, il ne pourra pas baisser les tarifs dits "sociaux", ceux payés par les chômeurs, les retraités, les Rmistes, etc. !

Les lois de décentralisation sont une opportunité pour les gouvernements de faire des économies en se déchargeant de toutes les dépenses nécessaires au fonctionnement des services publics, et du mécontentement des usagers, sur les Régions. Mais ces Régions, en particulier l'Île-de-France disposant d'un budget d'une quinzaine de milliards, auraient de quoi améliorer les services publics -et précisément ces transports en commun utiles quotidiennement à des millions de Franciliens- en économisant sur les subventions qu'elles accordent, directement ou non, aux patrons petits, moyens et grands. Cela ne compenserait pas l'absence de contribution de l'État, mais ce serait la démonstration que cette majorité de gauche a d'autres priorités que la droite.

Cette démonstration-là, il ne semble pas que Huchon et ses alliés soient décidés à la faire.

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