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- Lutte ouvrière n°1924
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Editorial
Le 21 juin, montrer que c’est la lutte qu’on choisit, et pas la résignation
Il n'a pas fallu attendre longtemps pour constater que le nouveau gouvernement Villepin-Sarkozy ne représente aucun changement par rapport à celui de Raffarin, si ce n'est en pire. Ses premières mesures sont autant de cadeaux aux patrons et autant de coups contre les travailleurs.
Son «contrat nouvelle embauche», avec une période d'essai de deux ans, livre aux patrons une main-d'oeuvre licenciable à n'importe quel moment. Avec la suppression de la «contribution Delalande», les entreprises qui licencieront des salariés de plus de 50 ans n'auront même plus à payer une pénalité financière. Cela ne créera pas un emploi de plus pour les travailleurs âgés mais facilitera le licenciement des anciens. Sous prétexte de lutter contre le chômage des jeunes, les embauchés de moins de 25 ans ne compteront plus dans le calcul des seuils de 10 et de 50 salariés qui déterminent les obligations en matière de droit syndical. Villepin confirme, en outre, la suppression totale d'ici 2007 des charges patronales de Sécurité sociale au niveau du Smic.
L'ensemble de ces mesures est intitulé, avec cynisme, «bataille pour l'emploi» alors qu'elles ne font que rendre plus précaires les emplois qui existent. Les patrons petits et grands ne créent des emplois que s'ils en ont besoin, s'ils y ont intérêt. Avec les mesures Villepin, ils pourront en revanche licencier encore plus facilement.
À l'annonce du résultat du référendum, il y en a parmi les travailleurs qui se sont dit: «Ils ne peuvent pas ne pas tenir compte de l'importance du vote "non"». Mais, contrairement à ce que nous disent les politiciens qui veulent tromper les travailleurs, le gouvernement n'obéit pas aux urnes. Il obéit au grand patronat. Il obéit aux groupes capitalistes qui détiennent le pouvoir économique.
De plus, l'opinion publique à laquelle le gouvernement veut plaire, en vue des élections présidentielle et législatives de 2007, c'est celle de l'électorat de droite. Ce sont les privilégiés grands et petits et, au-delà, ceux qui croient pouvoir le devenir grâce à la «réussite» individuelle, grâce au profit.
S'en prendre aux salariés, précariser leur situation, démolir le code du travail, plaît à cet électorat réactionnaire et antiouvrier. Comme lui plaisent les attaques de Sarkozy contre les travailleurs immigrés, qui essaie de montrer que ce que Le Pen dit, lui, il le fait.
Alors, à nous d'en tenir compte! Il fallait certes voter «non» au référendum par dignité et pour dire «non» à Giscard et à sa Constitution, à Chirac-Raffarin et à leur politique, pour dire «non» aussi à ceux qui, à gauche, ont choisi de servir la soupe à Chirac. Mais il ne faut pas attendre de ce vote plus qu'il ne peut donner.
Les travailleurs n'arrêteront les coups du grand patronat et du gouvernement que par leur propre détermination, en utilisant les armes qui sont les leurs. L'économie ne fonctionne que grâce aux travailleurs et ils ont le pouvoir d'arrêter la pompe à profit.
La CGT appelle à une journée de mobilisation le 21 juin. Les autres centrales ouvrières ont refusé de s'y associer sous des prétextes divers. Il est de l'intérêt de tous les travailleurs que cette journée de mobilisation en soit réellement une et qu'elle marche. Il est de leur intérêt qu'il y ait un maximum de débrayages, de grèves et de manifestations pour affirmer que la solution pour les travailleurs est dans cette direction, et pas dans la résignation devant les coups.
Une seule journée de mobilisation, même si elle est réussie, ne suffira certainement pas à faire reculer le patronat et le gouvernement. Mais elle peut montrer qu'il y a de plus en plus de travailleurs qui ne croient à aucun Père Noël et qui sont convaincus que seule la lutte peut stopper les mesures antiouvrières, contraindre le patronat à embaucher en répartissant le travail entre tous et à imposer l'augmentation générale des salaires.
Arlette LAGUILLER
Éditorial des bulletins d'entreprise du 13 juin