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Leur société
Aubervilliers (93) : Le problème du logement dans une commune pauvre
Mardi 14 juin, à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis, une quarantaine de familles qui squattaient un immeuble HLM voué à la démolition ont été expulsées à la demande de la mairie.
L'expulsion par la police et des vigiles a été violente, la population alentour qui en a été le témoin a été scandalisée par la brutalité avec laquelle les hommes, et surtout les femmes et les enfants ont été mis dehors. Depuis cette expulsion, les familles campent dans la rue en attendant d'être relogées. Elles en appellent à la municipalité: certaines d'entre elles habitaient la ville avant de squatter mais dans des conditions plus précaires encore; d'autres ont fait des demandes de HLM (il y a 4000 demandeurs en attente sur la ville); d'autres encore sont venues de communes extérieures dans l'espoir d'un relogement local ou départemental.
Aubervilliers est considérée comme une des communes les plus pauvres du département de Seine-Saint-Denis. Cette situation est flagrante au travers de quelques chiffres donnés par la municipalité: 61% des foyers fiscaux (Aubervilliers compte 63500 habitants) ne sont pas imposables et le revenu mensuel moyen de ces foyers fiscaux non imposés est de 465 euros. Pour les 39% de foyers fiscaux imposés, le revenu moyen par foyer est de 1500 euros par mois, contre 2 408 euros en Île-de-France. 12,4% des ménages étaient allocataires du RMI selon une étude réalisée en décembre 2003 et, depuis 1995, le nombre de Rmistes s'accroît régulièrement. Plus de 53% de ces Rmistes le perçoivent depuis plus de trois ans. Il y a, à Aubervilliers, 14% de chômeurs contre 7% en Île-de-France.
Ceci explique que l'antenne locale des Restos du Coeur, ait fourni de la nourriture lors de la saison 2004-2005 à quelque 4000 personnes.
La pauvreté, on la ressent aussi dans les problèmes de logement. Si la ville compte un parc de logements sociaux important (13000 logements où vit 40% de la population), de nombreux logements insalubres existent encore où des familles entières logent à des prix parfois exorbitants et où il n'y a souvent ni salle d'eau ni toilettes.
Une municipalité comme Aubervilliers, ainsi que les chiffres l'attestent, n'est pas de celles qui se débarrassent des pauvres et les envoient voir ailleurs, comme le fait Paris par exemple. Les expulsions des logements gérés par la municipalité sont rares, et les dettes de loyer accumulées par certains locataires peuvent être importantes sans qu'ils soient mis dehors pour autant.
La détresse des familles expulsées de leur squatt est compréhensible et explique les moyens extrêmes qu'elles utilisent pour tenter de tourner les difficultés d'accès à un logement décent. Mais une seule municipalité, fut-elle de gauche et accueillante pour la population la plus démunie, ne peut à elle seule régler le problème du manque criant de logements sociaux.