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Après l’eau, le téléphone, la poste... C’est le train qu’on privatise
Lundi 13 juin, le premier train de fret international de marchandises a transporté -en lieu et place de la SNCF et de la Deutsche Bahn- de la chaux de Dugny en Meuse vers les sites sidérurgiques de Sarre en Allemagne. Plusieurs centaines de manifestants étaient présents et les pouvoirs publics avaient dépêché 200 gendarmes mobiles. Le train n'a pu rouler que grâce aux grenades lacrymogènes tirées pour protéger ce premier fret privatisé. Un train aux couleurs de... Vivendi, ou plutôt une filiale d'une filiale: CFTA Cargo, filiale de la Connex, elle-même filiale de Vivendi qui vient de s'illustrer par le licenciement du responsable de la CGT de la société des transports en commun de Nancy, la CGFTE.
La Connex a remporté l'appel d'offres lancé pour transporter la chaux: dix millions d'euros vont tomber dans son escarcelle dans les cinq ans qui viennent. Il s'agit bien sûr d'un train rentable, qui va d'un point à un autre et sur lequel il n'y a que fort peu de travail. Elle prétend que les cheminots Connex sont payés autant que ceux de la SNCF, ce qui reste à vérifier, mais ils devront cotiser 42,5 années avant de partir en retraite au lieu d'une fin d'activité à 50 ans pour tous les roulants SNCF, et ça change tout!
Faux cul, le président de la SNCF a affirmé: «Nous allons nous battre» pour garder les marchés. En fait, la SNCF est partie pour privatiser un certain nombre de transports rentables, et abandonne tout ce qui ne l'est pas dans l'activité Fret en cherchant à rentabiliser au maximum les activités qu'elle conserve. Par exemple, la SNCF se charge de former -moyennant finances, bien sûr- les conducteurs des trains de marchandises de la Connex. La privatisation de pans entiers de son activité arrange bien la direction de la SNCF. Elle lui permet en particulier de faire pression sur tous les cheminots, leurs conditions de travail et d'emploi, en brandissant la menace de la concurrence. Le plan Fret mis en place vise d'ici 2006, comme dans n'importe quelle entreprise privée, à «diminuer les coûts»: 3000 emplois vont être supprimés dont près de 400 en Lorraine.
Depuis des années, sous tous les gouvernements, la privatisation du transport ferroviaire rentable se prépare. Les dirigeants de la SNCF préfèrent parler de «libéralisation». Cela ne change rien mais c'est plus joli que privatisation et surtout, cela fait moins penser à ce qui est arrivé aux chemins de fer anglais, où elle s'est traduite par des accidents en série et des dizaines de morts.