Snecma - Gennevilliers (Hauts-de-Seine) : Les nettoyeurs font reculer leur patron10/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1923.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Snecma - Gennevilliers (Hauts-de-Seine) : Les nettoyeurs font reculer leur patron

Au bout d'une semaine de grève, la soixantaine de salariés de la société de nettoyage ISS ont repris le travail le 27 mai dernier, fièrs d'avoir fait reculer leur direction sur des sanctions disciplinaires, dont un licenciement sec.

À l'issue de la grève le licenciement a en effet été transformé en transaction à "l'amiable" (21000 euros) ce qui correspondait aussi au souhait du salarié. D'autre part les grévistes ont obtenu le retrait de deux avertissements et d'une mise à pied de trois jours ainsi qu'une prime de reprise correspondant à trois jours de grève (deux jours restant à récupérer en heures supplémentaires). Enfin ils ont aussi obtenu la répartition des heures laissées par les départs entre toutes celles et ceux (en temps partiel) qui le souhaitent.

Depuis que cette société a repris le chantier de nettoyage sur le site de la Snecma Gennevilliers, en octobre 2004, les sanctions n'ont pas arrêté de pleuvoir sur tous ceux qui osaient se dresser contre sa politique.

Pour réaliser encore plus de profit, ISS baisse les effectifs en favorisant d'une part les licenciements négociés, d'autre part en refusant de remplacer les départs en retraite. Ceux qui restent doivent assurer la charge de travail des postes laissés vacants.

Beaucoup de nettoyeurs sont en temps partiel non choisi et c'est cela qui est apparu comme le plus insupportable.

L'annonce du licenciement d'un collègue a donc été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase et la grève est apparue comme la réponse naturelle à l'arrogance de la direction.

Ce n'est pas la première fois qu'un patron du nettoyage "relève le défi" et tente de mettre au pas les nettoyeurs du chantier, suivant ainsi la "feuille de route" de la direction Snecma. En effet, depuis plus de vingt ans, cette dernière a essayé par tous les moyens de diviser les nettoyeurs. Elle ira jusqu'à partager le chantier en sept sociétés différentes. À chaque fois les nettoyeurs ont réagi par la grève, avec le soutien des travailleurs Snecma qui a souvent été déterminant.

Au bout de trois jours de grève la situation sur le plan sanitaire s'est vite dégradée: plus de savon, plus de papier! L'attitude du patron a été dans un premier temps de jouer les inflexibles, spéculant sur le pourrissement de la grève. Le deuxième jour, par exemple, il a fait mine de partir en vacances et refusait toujours de négocier sur le chantier, exigeant qu'une délégation se rende dans ses locaux à Mesnil-Amelot en Seine-et-Marne.

Dans l'atelier Mécanique, les bacs de rétention d'huile n'étant plus vidangés, les ouvriers ont commencé à se mettre en droit de retrait. Même chose au Parachèvement forges!

Par deux fois la direction d'ISS a tenté l'intimidation en faisant faire le travail par quelques agents de maîtrise sous la protection d'un huissier. Cela, loin de démoraliser les grévistes, n'a fait qu'ajouter à leur exaspération. Voyant la situation se durcir, le patron a commencé à faire des propositions "pour calmer le jeu", sans toutefois renoncer au principe des sanctions.

Au quatrième jour de grève, on a pu assister à des moments assez croustillants dans les ateliers, comme au jeu de cache-cache avec des visiteurs américains de Boeing. Pour ne pas croiser les grévistes du nettoyage, la hiérarchie Snecma a dû faire passer ses hôtes par des chemins détournés. Un vrai parcours du combattant!

Une chose est sûre s'ils n'ont pas croisé les grévistes, ils les ont entendus !

Finalement c'est le patron d'ISS France en personne qui est venu négocier sur le chantier de Snecma Gennevilliers. Les nettoyeurs sont fiers d'avoir fait céder leur patron, une fois de plus, sur ses prétentions, avec en prime une unité retrouvée!

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