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Leur société
Réaction : N'est pas athée qui veut
Amar Bergham, français d'origine algérienne, gérant d'une société de conseil financier, est mort à 55 ans d'un cancer le 13 mai dernier. Ses trois enfants d'une première épouse européenne, dont sa fille qui l'a soigné jusqu'au dernier moment, déclaraient qu'il était athée et souhaitait être incinéré. D'après leur avocat il avait même acheté une concession au columbarium de Saint-André.
Mais sa seconde épouse, une musulmane dont il était séparé depuis fin 2004, est allée devant les tribunaux pour interdire son incinération et organiser son inhumation selon les rites musulmans, bien qu'elle ait reconnu que son mari "n'était pas très pratiquant". Le tribunal d'instance de Lille a par deux fois donné raison aux enfants, estimant qu'ils étaient les plus qualifiés pour connaître les dernières volontés de leur père.
Sur ce, le recteur de la mosquée de Lille-Sud, président de la Ligue Islamique du Nord (membre de l'UOIF) est intervenu affirmant que "seule une autorité judiciaire musulmane dans un pays musulman doit définir et vérifier les causes de l'apostasie (l'abandon d'une religion) d'une personne".
S'engageant sur de mêmes voies, la mairie de Lille (Martine Aubry) a fait suspendre l'incinération, tandis que le procureur de la République et le préfet ont allongé les délais d'inhumation. Bref, toutes ces autorités dites laïques ont relayé les pressions des religieux.
Finalement, la cour d'appel de Paris a aussi cédé aux religieux, sous prétexte qu'il était "de tradition musulmane", que "rien ne permet d'affirmer qu'il entendait rompre tous les liens avec ses traditions" et a décidé que, " à défaut d'accord entre les parties, (l'épouse) sera chargée d'organiser les funérailles".
La liberté d'être athée est encore à conquérir, d'autant que la "tradition chrétienne" est aussi opposée à l'incinération et qu'à ce compte-là il faudra bientôt que le mort en exprime lui-même la volonté pour être incinéré!