Libye : L'Europe sous-traite la lutte contre l'immigration10/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1923.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Libye : L'Europe sous-traite la lutte contre l'immigration

L'Union européenne, face au flot des immigrants qui essaient de franchir ses frontières au péril de leur vie, tente de plus en plus de confier aux pays par lesquels transitent ceux qui veulent fuir la misère et les massacres de leur pays d'origine, le soin de lutter contre l'immigration. C'est notamment le cas de la Libye avec laquelle les ministres européens de l'Intérieur se sont engagés dans une "coopération concrète".

La Libye est le point de départ de clandestins qui s'embarquent sur des rafiots de fortune pour tenter de rejoindre l'Italie. L'île de Lampedusa, située à 300km des côtes libyennes, voit ainsi régulièrement débarquer les immigrants venus d'Afrique et du Moyen-Orient. Mais pour quelques-uns qui y parviennent, beaucoup périssent en mer, dans des conditions dramatiques. Les autorités européennes prennent argument de ces drames pour dire qu'il faudrait à tout prix empêcher les immigrants de quitter les côtes libyennes et c'est cette situation qui a généré plusieurs projets de collaboration avec la Libye.

L'Union européenne avait parlé il y a un an de financer des camps de rétention dans le désert libyen, où seraient enfermés les candidats à l'émigration avant d'être renvoyés dans leur pays d'origine. Cette idée a été finalement abandonnée au profit d'une collaboration plus étroite des gardes-côtes italiens et libyens, et peut-être plus tard de la possibilité de renvoyer en Libye et non plus dans leur pays d'origine les malheureux qui n'auraient pas réussi à pénétrer en Europe. Il y a encore quelques années, les dirigeants de l'Union européenne n'avaient pas de mots assez durs pour condamner Khadafi, sa dictature et son mépris des droits de l'homme. Aujourd'hui ils sont prêts à lui confier le sort des clandestins qu'ils auront réussi à refouler. L'important pour eux est que tout cela se passe en silence, et que leur responsabilité soit dégagée. Car, pour le reste, tout le monde sait qu'il est impossible d'empêcher ceux qui fuient la misère et les guerres de tenter de gagner, à n'importe quel prix, cet espoir de vivre moins mal dans les pays de l'Europe occidentale.

Entre le Maroc et l'Espagne, l'autre grand point de passage en Méditerranée, le blocage plus strict du détroit de Gibraltar amène aujourd'hui ceux qui s'y aventurent à prendre davantage de risques en prenant la mer de plus en plus loin de leur destination.

Transformer l'Europe en une forteresse hérissée de barbelés ne peut supprimer les problèmes et ce n'est pas le fait d'embaucher Khadafi pour monter la garde à l'extérieur qui les réglera.

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