Espagne - Une année de gouvernement Zapatero : Tout ce qui brille n'est pas d'or10/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1923.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne - Une année de gouvernement Zapatero : Tout ce qui brille n'est pas d'or

Le gouvernement de Zapatero, le représentant du PSOE (le Parti Socialiste d'Espagne) est au pouvoir depuis maintenant un an. Il garde le soutien de la population, qui a remarqué le changement de forme par rapport au gouvernement de droite dirigé par Aznar, le leader du Parti Populaire, ouvertement réactionnaire.

Actuellement dans l'opposition, le Parti Populaire continue de rallier la partie la plus conservatrice de son électorat sur des positions rétrogrades. Cette attitude est apparue au grand jour dans l'affaire de l'hôpital Severo Ochoa de Madrid, où le conseiller de la santé de Madrid, membre du Parti Populaire, le parti d'Aznar, s'en est pris au personnel, qui a été accusé d'abréger la vie de malades en phase terminale en utilisant certains médicaments soulageant la douleur. Le conseiller du Parti Populaire, appuyant les positions de l'Église sur la valeur "rédemptrice" de la souffrance, a obtenu le licenciement du chef des urgences.

De telles attitudes de la droite font que Zapatero, avec ses lois contre la violence domestique dont les femmes sont victimes, avec le retrait des troupes d'Irak, la légalisation du mariage des homosexuels et la régularisation de la situation de secteurs de sans-papiers, apparaît comme un "progressiste".

La partie est plus difficile en ce qui concerne le problème basque, en particulier sur le terrain des relations avec l'organisation séparatiste ETA qui, malgré la répression, l'interdiction du parti qui lui était lié, continue de bénéficier d'un appui dans une partie de la population basque. À l'annonce de l'ouverture possible d'un dialogue du gouvernement avec l'ETA, si cette organisation acceptait de renoncer à la lutte armée, le Parti Populaire a non seulement clamé son indignation mais organisé d'amples manifestations, en particulier à Madrid. Le gouvernement de Zapatero réussira-t-il à passer avec l'appui des autres partis parlementaires convaincus qu'il faut donner une solution politique aux problèmes posés par l'existence de l'ETA? L'avenir le dira. Mais il est certain que la partie n'est pas encore gagnée pour Zapatero.

Mais "tout ce qui brille n'est pas d'or". Ce gouvernement, comme les précédents gouvernements socialistes, est ouvertement au service du grand patronat, des grandes sociétés industrielles et financières. Et il n'y a rien dans son action pour améliorer le sort de la classe ouvrière et des classes populaires. De fait, la différence entre les revenus du capital et le niveau de vie des salariés continue de se creuser.

C'est particulièrement visible quand on compare les revenus salariaux avec les bénéfices du capital. Le produit intérieur brut s'est accru de 4,9%, ce qui signifie que l'Espagne est plus riche. Mais, en dépit de l'augmentation de la richesse, les travailleurs en ont le moins bénéficié. En effet, d'après les statistiques, la part des salaires dans le PIB a diminué. Et les familles des milieux populaires n'ont pas besoin de statistiques pour savoir qu'il est difficile de faire face aux dépenses pour se nourrir et se loger. Même quand on a un emploi.

Ce gouvernement, comme les précédents, mène la même politique antiouvrière qui vise à augmenter les bénéfices du capital au détriment des travailleurs; et cela se traduit bien sûr par les réductions d'effectifs, les licenciements. Cela se fait aussi avec le constant développement du travail précaire, l'augmentation de la sous-traitance, la surexploitation des travailleurs immigrés. Et l'une des conséquences de cette exploitation impitoyable est l'augmentation criminelle des accidents du travail.

Le bilan de la première année de gouvernement socialiste de Zapatero est clair. Au service des classes possédantes, il veut continuer de séduire une petite bourgeoisie excédée par les positions bornées des partisans d'Aznar, mais sans s'attaquer aux problèmes essentiels pour les classes populaires que sont les bas salaires, le chômage et la précarité. Pour faire reculer le patronat sur ces problèmes-là, il ne suffit pas des qualités de négociateur dont Zapatero se vante. Il faut s'en prendre aux intérêts des plus puissants, auxquels le gouvernement de Zapatero obéit servilement. Et c'est du côté de la force des travailleurs de toutes les régions d'Espagne, du côté de leurs luttes qu'il faut chercher la solution.

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