Duralex : Une histoire transparente, des bénéfices opaques10/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1923.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Duralex : Une histoire transparente, des bénéfices opaques

La société Duralex, fabricant de verres de table, a été placée le 4 juin en redressement judiciaire, sous la tutelle d'un administrateur provisoire pour les 6 mois qui viennent. La veille, le PDG avait lui-même mis sa société en cessation de paiement. La situation des 500 salariés, dont la paie de mai n'a été versée qu'en partie, est donc en suspens.

Les deux usines Duralex de Rive-de-Gier (dans la Loire) et de La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret) ont fait partie pendant soixante ans du groupe Saint-Gobain. Depuis les années 1930, le groupe verrier avait inondé les cantines, d'abord en France, puis dans bien d'autres pays, de ses verres et assiettes Duralex, en verre trempé, "presque incassable", et bon marché.

Puis, après ces dizaines d'années de bons et loyaux bénéfices, le groupe Saint-Gobain décida en 1996 de se séparer de cette branche jugée pas assez rentable. À l'époque, les dirigeants du groupe disaient vouloir "se recentrer sur le coeur du métier".

C'est au groupe Bormioli e Figlio, industriel du verre italien, que les deux usines furent vendues. En fait, cet épisode italien ne dura pas très longtemps. Après quelques années largement bénéficiaires, la famille Bormioli décida en 2003 de se retirer des deux sites français, et menaça de fermer l'usine de Rive-de-Gier. En fait, elle réussit à s'en sortir sans trop de dégâts pour elle en favorisant la reprise des deux usines par un de ses hauts cadres, en novembre 2004.

Alors, suite au désengagement des anciens propriétaires, la dégringolade de Duralex, initiée par Saint-Gobain, et poursuivie par Bormioli, n'a étonné personne. Et comme d'habitude, les bonnes âmes qui commentent cette faillite annoncée trouvent toujours de bonnes raisons: manque de trésorerie, désistement des banques, concurrence de produits similaires fabriqués en Indonésie ou en Turquie, investissement trop tardif...

Pourtant, pour éviter la catastrophe sociale annoncée -la fermeture de deux usines de 250 salariés- personne ne met en avant ce qui devrait être une évidence: la mise à contribution des actionnaires de Saint-Gobain et de Bormioli, qui ont profité largement du travail des salariés de Duralex.

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