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Leur société
"Démocratie représentative", mais de qui ?
Le résultat du référendum a fait dire à certains commentateurs qu'il y aurait une "crise de la démocratie représentative" car les électeurs n'ont pas voté comme l'auraient fait les députés.
Le non l'ayant emporté, il ne reste plus à tout ce beau monde qu'à expliquer que, décidément, il y a un problème d'adéquation entre la population et ceux qui la représentent, sans qu'on sache bien si, pour eux, c'est de la faute de l'électorat populaire qui ne comprend rien à ce qu'on lui explique, ou celle des politiciens qui ne savent pas bien se faire comprendre.
Le problème pour ces gens-là n'est pas tant qu'il existe un gouffre entre ce qu'ils veulent et ce que ressent la population, mais le fait que, pour une fois, du fait du référendum et de son résultat, ce gouffre se voit. Car leur unanimité, d'autant plus criante aujourd'hui que l'électorat leur a donné tort, n'est pas circonstancielle. Elle est même la règle. Par exemple on n'a jamais entendu un député ou un journaliste célèbre remettre en cause le droit absolu qu'ont les patrons de licencier ou de fermer leurs entreprises. La prétendue diversité de leurs opinions réside simplement dans le vocabulaire changeant avec lequel ils expriment tous la même: le capital est d'autant plus sacré qu'il est plus important.
Car leurs prises de position, qu'ils nous présentent comme réfléchies, pesées, fruit de difficiles études et de longues nuits de veille, garanties par des diplômes et des titres ronflants, correspondent à des intérêts tout à fait matériels. Ce qu'ils appellent suivant les circonstances "intérêt national", "Europe", "démocratie", "progrès" ou "réforme" ce sont les intérêts de Bouygues, de Michelin, de Seillière, de Dassault et des autres familles de la très grande bourgeoisie. C'était particulièrement évident dans la politique suivie par le gouvernement Raffarin, comme dans le projet de Constitution.