Un "Revenu de solidarité active" pour aider les patrons à embaucher à bon compte28/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1917.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Un "Revenu de solidarité active" pour aider les patrons à embaucher à bon compte

Douste-Blazy, ministre de la Famille et de la Santé, espère peut-être faire oublier qu'il taille allégrement dans le droit de bien se soigner. Il se donne des allures "sociales" en reprenant à son compte des propositions du rapport sur "la famille, la vulnérabilité et la pauvreté" qu'il a commandé au président d'Emmaüs.

Plus de 3,5 millions de personnes, dont un million d'enfants, selon les chiffres officiels, vivent aujourd'hui sous le seuil de pauvreté -532 euros pour une personne seule et 828 euros pour un couple en 2003. L'objectif affiché par ce rapport serait de ne plus avoir d'enfant pauvre en France... d'ici à 2020. En attendant, le ministre, lui, se fait de la publicité à bon compte, sans attendre seize ans.

Bien souvent, trouver un travail ne permet pas de sortir de la pauvreté, constate ce rapport. La perte de la CMU complémentaire et d'éventuels frais de garde des enfants suffisent à réduire à néant l'augmentation d'un couple ayant retrouvé un emploi à temps plein. Un allocataire du RMI voit souvent ses revenus diminués quand il retrouve un emploi, y compris à mi-temps. Comment pouvoir vivre décemment de son travail? "La première condition est de rémunérer correctement le travail", répond le rapport établi par Emmaüs. En conséquence, il serait logique d'augmenter l'ensemble des salaires. Alors qu'aujourd'hui, selon l'Insee, le travail d'un million de salariés ne leur permet même pas de franchir le seuil de pauvreté, ni les patrons ni le gouvernement ne veulent de cette augmentation des salaires. Alors Douste-Blazy saisit l'occasion de reprendre un ersatz, le "revenu de solidarité active" (RSA) censé rendre plus attractif le retour à l'emploi pour les bénéficiaires des minima sociaux. Ce RSA intégrerait une partie des prestations sociales actuelles qui pourraient être cumulées, de manière dégressive, avec un salaire. Borloo, le ministre de l'Emploi, s'est empressé de souligner "qu'une large part des mesures préconisées par le rapport sont d'ores et déjà mises en oeuvre" dans le cadre du plan de cohésion sociale. Après la prime pour l'emploi ou le RMA, il ne s'agit que d'une énième version pour aider les patrons à s'exonérer du paiement d'une partie du salaire, plutôt que d'une aide aux chômeurs.

Partager