Saint-Fons (Rhône) : - Dans le "couloir de la chimie", Arkéma et Rhodia économisent sur la sécurité28/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1917.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Saint-Fons (Rhône) : - Dans le "couloir de la chimie", Arkéma et Rhodia économisent sur la sécurité

À Saint-Fons, en aval de Lyon, les directions des différents sites chimiques Rhodia et Arkéma n'ont pas d'autre souci, à les entendre, que la sécurité. La réalité est bien différente. Depuis des années, sous prétexte de diminution du nombre de salariés et d'arrêt de certaines productions, elles rognent sur les effectifs des pompiers permanents, chargés d'assurer la sécurité des installations.

Ces équipes avaient été mises en place après la catastrophe de la raffinerie de Feyzin en 1966. Cet accident, à proximité de l'autoroute, avait fait 17 morts et 84 blessés. Aujourd'hui, tout cela est oublié par les directions des différents sites chimiques.

Déjà à la raffinerie de Feyzin, des pompiers permanents sont obligés d'être en plus sur un poste de travail, ce qui augmente leur délai d'intervention en cas d'accident. Cela s'est fait avec l'accord du préfet et de la Drire, chargée du contrôle de la sécurité dans les industries.

De leur côté, les usines Rhodia réparties sur quatre sites (Belle-Etoile, Organique, Silicone et le Centre de recherche) ainsi qu'Arkéma économisent depuis des années sur leurs pompiers. Avant, chaque site avait sa propre équipe de pompiers permanents, qui pouvait intervenir immédiatement en cas d'accident, en attendant l'arrivée des renforts des autres sites et des pompiers de Lyon.

Mais dans le but de réduire son nombre total de pompiers, Rhodia a mis en place une plate-forme commune à ses quatre sites. En cas d'accident, le temps d'intervention est plus long, alors que chaque minute compte.

Il est maintenant question d'étendre cette plate-forme commune à Arkéma Saint-Fons et aux deux stations d'épuration. Comme Arkéma ne peut plus réduire son nombre de pompiers, qui est déjà au minimum, en restant indépendant, il a trouvé cette solution pour faire des économies supplémentaires.

Pour protester contre cela, les pompiers d'Arkéma ont fait grève récemment, manifestant leur présence devant l'usine par un feu de palettes, dont la fumée noire a fait craindre un accident aux milliers d'automobilistes qui passaient sur l'autoroute devant l'usine.

Deux incidents qui viennent d'avoir lieu à Arkéma Saint-Fons illustrent les risques que cette politique de la direction fait courir aux travailleurs de l'entreprise et à la population environnante. Dimanche 3 avril, un incendie qui s'est déclaré dans un atelier désert a fait exploser une bouteille de gaz et détruit un bâtiment. La présence des pompiers sur le site a permis d'éviter la propagation de l'incendie à un stock d'acétylène voisin. Le mercredi 13 avril, une fuite de chlore s'est produite à l'intérieur d'un autre atelier. Elle a pu elle aussi être maîtrisée rapidement grâce aux pompiers du site. Dans les deux cas, l'éloignement des pompiers aurait pu être un facteur aggravant.

Arkéma est la filiale chimie du groupe Total qui a fait 9 milliards d'euros de bénéfices en 2004. Total envisage de se débarrasser de sa filiale chimie, sous prétexte qu'elle rapporte moins que le pétrole. Mais celle-ci est quand même largement bénéficiaire et a les moyens de garantir la sûreté des installations en faisant des investissements et les embauches nécessaires.

Déjà, l'usine AZF qui a explosé à Toulouse appartenait au groupe Total. On aurait pu penser que celui-ci en tirerait les conséquences. Eh bien non! Total continue à faire passer les profits des actionnaires au détriment de la sécurité des travailleurs de ses usines et de la population environnante.

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