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Marseille (Bouches-du-Rhône) : - A la SNCM, la grève continue
Mardi 26 avril au matin, les grévistes de la SNCM, marins et sédentaires, votaient la continuation de la grève. La presse locale présentait ce que proposaient la direction et le gouvernement comme un recul. Mais les grévistes ont estimé à juste titre que ces propositions n'étaient destinées qu'à les duper.
Au cours de la semaine précédente, la grève n'avait pas faibli. À l'appel de la CGT, seule organisation syndicale qui participe à la grève, les grévistes, surtout des marins, la totalité des ouvriers de l'atelier et une partie du personnel administratif, ont participé à de nombreuses actions.
Le 20 avril, ils sont allés à 400 en manifestation à la Préfecture, soutenir les délégués en réunion avec le préfet, qui proposait d'ouvrir des négociations à la condition que les grévistes assurent deux traversées quotidiennes, l'une pour Bastia, l'autre pour Ajaccio. Cette proposition a soulevé l'indignation de la quasi-totalité des grévistes qui l'ont refusée énergiquement. Le lendemain, ils sont allés à pied, en canots et en Zodiac montrer leur détermination au maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, lors de la pose de la première pierre d'un hôtel "4 étoiles". Ils y retrouvèrent d'autres mécontents, les habitants qui manifestaient contre la prétention du maire d'inonder la ville d'horodateurs. Ils eurent l'occasion de rencontrer un marin du ferry-boat qui assure la traversée du Vieux Port. Ils sont sept marins qui devaient se mettre en grève pour être embauchés en CDI-marin par la ville, qui les ballade de CDD en CDD depuis des années.
Le vendredi 22, en canots de sauvetage, des matelots et d'autres personnels grévistes de la SNCM, bloquaient la passe nord du port pour empêcher les navires de la compagnie CMN de passer. Ce soir-là, le gouvernement proposait une réunion à Paris pour le lundi 25, sans exiger cette-fois-ci de contrepartie.
Lundi 25, les grévistes se retrouvaient nombreux devant le siège. De son côté, la direction tentait de faire reprendre le travail. Elle fit revenir les intérimaires. Mardi 26 avril, des cars de CRS stationnaient en face du siège, gardant les barrières devant l'entrée: quelques cadres et employés non-grévistes entrèrent travailler. Mais certains, ne supportant pas de travailler sous la surveillance policière, ressortirent l'après-midi, avec la CGC et FO. Le même après-midi, la direction fit repartir les intérimaires.
Le même jour encore, les représentants de la CGT revenaient avec les propositions du gouvernement et de la direction, qui s'engageaient à trouver des moyens juridiques pour que le RIF (le nouveau "pavillon de complaisance" lancé par le gouvernement) ne s'applique pas au trafic de la SNCM sur la Corse et le Maghreb. Ils suspendaient la mise en application du volet social du projet d'entreprise, relançant des discussions avec les syndicats sur leurs propositions "alternatives" concernant le projet de privatisation et de suppression d'emplois.
Ainsi, direction et gouvernement jettent du lest. Ils ne promettent que des discussions, mais cela montre au moins que la grève les gêne. Mais sans hésitation, comme le proposaient les secrétaires CGT, les grévistes refusèrent de reprendre le travail sur cette proposition.
Ils se retrouvèrent à la Joliette, avec les manifestants du Port autonome, des dockers, des Douanes, et d'autres qui craignent eux aussi pour leur emploi. Puis ils allèrent à un rassemblement à la Porte d'Aix, avec des délégations d'autres entreprises de la région touchées par des suppressions d'emplois, voire par des fermetures: Lustucru à Arles et Nestlé à Marseille. En fin d'après-midi, les marins partirent fermer à nouveau la passe Nord du port.
C'est peut-être la crainte que tout cela ne fasse tâche d'huile qui rend le gouvernement prudent.