Maroc : Les six mineurs d'Imini libérés!28/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1917.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc : Les six mineurs d'Imini libérés!

Le 18 avril, la cour d'appel de Ouarzazate a enfin rendu un verdict libérant les six mineurs syndicalistes qui avaient été condamnés en première instance à dix ans de prison ferme, pour "entrave à la liberté du travail et coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner".

Le 15 avril 2004, la direction des mines de manganèse d'Imini, près de Ouarzazate, avait organisé une provocation visant à briser la grève des mineurs, mobilisés depuis un an et demi contre la réduction de 50% de leur salaire. Le directeur avait recruté, moyennant 200 dirhams (environ 20 euros) quelque 120 jeunes et les avait emmenés en camion sous prétexte de tourner un film dans la mine. En fait, sous l'oeil bienveillant des autorités locales et de la police, la direction avait tenté de briser la grève en attaquant les mineurs à l'aide de cette milice improvisée et en grande partie bernée. À la suite de cette agression, un des membres de la milice, blessé, était décédé le lendemain à l'hôpital dans des circonstances obscures, liées apparemment à son état diabétique.

Quelques jours après les faits, 23 membres du commando avaient déposé une plainte contre le directeur de la mine pour escroquerie et abus de confiance. Sans suite... Les seuls témoignages retenus par le tribunal qui avait condamné les mineurs étaient à charge, et se sont depuis révélés être des faux, obtenus par la direction de la mine contre 3000 dirhams (300 euros). Les témoins en question se sont finalement rétractés devant la cour d'appel et devant deux autres personnes qui ont raconté comment ils avaient refusé d'être des faux témoins.

La direction des mines, bien qu'ayant licencié le directeur de l'époque en arguant de malversations, continue ses attaques contre les militants syndicaux libérés en les accusant cette fois de vol... Par ailleurs, les menaces pèsent toujours sur l'emploi des mineurs d'Imini et leurs familles. Celles-ci ont été récemment chassées de leur village, Boutazoulte, et parquées dans les baraques du village de Timkit au milieu des fumées de manganèse qui émanent de l'unité de traitement.

Il reste que, devant l'exposé des faits et en présence de nombreux ouvriers du village et soutiens des mineurs, la cour d'appel a transformé la condamnation en deux ans avec sursis et les mineurs emprisonnés ont été libérés. C'est un succès, dû sans aucun doute à la solidarité qui les a entourés et au bruit qu'a fait l'affaire.

Partager