La légende de la désindustrialisation28/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1917.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La légende de la désindustrialisation

Pour se dédouaner des licenciements massifs et des fermetures d'entreprises, patronat et gouvernements répètent: le pays se désindustrialise, il n'y aura bientôt plus d'usines, plus de production industrielle dans les vieux pays capitalistes comme la France. Cette légende permet de maintenir une salutaire (pour les patrons) crainte du chômage parmi les ouvriers et désigne des coupables lointains pour les licenciements. Aujourd'hui, le patronat et ses représentants disent que ce sont "les Chinois" qui seraient la cause de la fermeture des usines en France. Avant c'était "les Coréens", demain ce sera peut-être "les Martiens", peu importe du moment qu'on raconte que si les usines ferment, personne, et surtout pas les patrons, n'y peut quelque chose.

Malgré tout la bourgeoisie et son État ont besoin de statistiques exactes et elles sont publiées. Ainsi la DARES, organisme spécialisé dépendant du ministère de l'Emploi, vient de rendre un dossier sur l'emploi industriel. On y voit bien que l'industrie qui occupait 26% des salariés en 1970 n'en occupe plus que moins de 18%, ce qui correspond à une perte de 1,5 million d'emplois. En revanche la part de la richesse produite par l'industrie se monte toujours à 22% du total, ce qui fait qu'elle est en forte augmentation, comme le total de la richesse produite en France. Les machines ne sont pas parties, il y a toujours des ouvriers derrière et leur travail rapporte de plus en plus aux actionnaires.

De plus, la DARES relativise la baisse de l'emploi industriel en remarquant que la moitié des intérimaires sont employés dans l'industrie, le plus souvent à des postes de production, mais sont comptés dans les emplois tertiaires. Elle ajoute même que le recours à l'intérim est un des facteurs qui engendre des gains de productivité. N'importe quel ouvrier aurait pu le lui dire, sans faire d'étude statistique.

Ces statistiques n'empêcheront évidemment pas les sociologues, journalistes et autres politiciens de dire que la classe ouvrière disparaît. De toute façon, ces gens-là ne découvrent les ouvriers que lorsqu'ils sont en grève...

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