VPS France – Saint-Denis (93) : Une grève victorieuse22/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1916.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

VPS France – Saint-Denis (93) : Une grève victorieuse

VPS France à Saint-Denis vient de connaître sa première grève. Cette branche d'une société anglaise, implantée aussi aux États-Unis, travaille pour des sociétés immobilières, le plus souvent d'HLM.

En France, le siège et l'entrepôt sont à Saint-Denis et deux autres sites existent à Nice et Marseille. À Saint-Denis sont employées une trentaine de personnes, dont treize techniciens et chefs d'équipe.

Les commandes affluent pour un certain type de fournitures, les sociétés immobilières passant commande pour la pose de portes sécurisées et de panneaux de portes et fenêtres après des arrêtés d'expulsion, de fermetures de squats ou après des incendies. C'est donc malheureusement la misère grandissante qui explique, en partie, que la société se porte bien.

Reste que, pour ceux qui y travaillent, les conditions sont très dures. Charger et décharger des portes qui pèsent de 60 à 90 kg chacune n'est pas une mince affaire. Sur les sites, les portes ne rentrent pas dans les ascenseurs et il faut les porter à dos d'homme. Il n'y a pas de vêtements de travail ni de chaussures de sécurité, et les ouvriers conduisent les fenwicks sans formation de cariste. Par-dessus le marché, le responsable des opérations les traite comme des chiens. Ils font des heures supplémentaires à gogo, bien au-delà de la limite légale. S'ils savent à quelle heure ils commencent, ils ne savent jamais à quelle heure ils finissent.

Dans de telles conditions de travail, se font vite sentir les maux de dos, les accidents de travail fréquents et les travailleurs épuisés. Côté paye, avec 1300 euros brut par mois, les fins de mois sont difficiles. En plus, il y a des retards de paye continuels et les tickets restaurant sont donnés au petit bonheur la chance.

Pendant ce temps, l'entreprise fait des bénéfices et les ouvriers ont appris que leur directeur s'était largement augmenté le mois dernier. Alors la coupe était pleine. L'idée d'arrêter le travail a germé. Mardi 5 avril au matin, tous se sont retrouvés à l'entrepôt et ont décidé de ne pas travailler tant qu'ils n'obtiendraient pas de meilleures conditions de travail, leurs tickets restau et des tenues. Comme il n'y a pas de délégué, ils ont fait appel à un militant CGT d'un autre secteur, qui est venu avec drapeaux et banderole, histoire de mettre de l'ambiance.

Le directeur n'avait jamais vu ça. Il était mal à l'aise mais il a bien été obligé d'écouter les grévistes et de discuter avec deux d'entre eux et le militant CGT. Il a accepté à la première rencontre de fournir les pantalons de travail et les chaussures de sécurité, mais a refusé de discuter des salaires. Puis il a proposé 100 euros d'augmentation pour les techniciens poseurs, 50 euros pour les chefs d'équipe, et les tickets restaurant. Mais face au refus unanime, il a dû en fin de journée signer pour 200 euros d'augmentation pour tous.

Depuis, les ouvriers se font respecter, l'ambiance a changé. Mais une procédure de licenciement, en cours avant la grève pour un des ouvriers qui avait organisé le mouvement, reste effective. Celui-ci n'est pas prêt à se laisser faire.

Cette première grève pour tous, qui a montré que la détermination peut faire plier un patron, est un encouragement dans les jours qui viennent pour faire annuler le licenciement.

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