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Leur société
Unedic : Le directeur général veut faire la guerre aux chômeurs
Dans le quotidien économique La Tribune du 18 avril, le directeur général de l'Unedic, Jean-Pierre Revoil, a tenu des propos provocateurs.
«Quand on regarde comment les personnes privées d'emploi vivent les premiers mois de chômage, on constate une forte passivité, dit-il. Il faut dégripper le marché du travail», ajoutant: «Il faut habituer les Français à être beaucoup plus réactifs. Si le chômeur refuse la démarche de recherche et d'accompagnement vers l'emploi, alors qu'il est indemnisé, il y a un problème. Il faut trouver des moyens de pression, voire de contrôle, et même, dans certains cas avérés, de sanction.» Très content de son coup, ce dirigeant de l'Unedic, grassement payé avec l'argent des cotisations des salariés et futurs chômeurs, en a rajouté le lendemain, en déclarant à la radio qu'il avait voulu faire peur aux chômeurs.
Des sanctions pour un prétendu «manque d'efforts dans la recherche d'un emploi», des dizaines de milliers de demandeurs d'emploi inscrits aux Assedic en sont victimes chaque année. Et les sanctions sont dures: au minimum des radiations temporaires, avec la suppression totale de toute indemnisation au moins pour plusieurs mois. Que voudrait-il en plus? Le pilori?
Il est inadmissible qu'on rende les chômeurs responsables du chômage, sans même un mot contre les patrons qui les jettent à la rue, sans aucune procédure, car la plupart sont des victimes des fins de contrats d'intérim ou à durée déterminée. Les licenciés économiques relevant d'une procédure spéciale ne sont qu'une minorité des personnes jetées à la rue.
Tout cela fait partie de la propagande des milieux patronaux, relayée avec complaisance par le gouvernement, sur le fait que, dans cette période de chômage de masse, il y aurait des dizaines de milliers d'emplois en attente. Mais de quels emplois s'agit-il? Dans le même numéro du journal, on apprenait que 30% du total national des embauches envisagées pour 2005, toutes les corporations confondues, étaient liées à une activité saisonnière. À cela il faudrait ajouter quelques centaines de milliers d'autres relevant de contrats à temps partiel imposé, 25 ou au mieux 30 heures par semaine, aboutissant à des salaires mensuels autour de 600 euros. Bien loin du smic. Et tout cela sans parler des CDD et de l'intérim.
D'ailleurs, si l'on y regarde de près, le directeur général de l'Unedic se garde bien de parler de prendre un emploi, mais seulement de «démarche de recherche». Car s'il y avait des emplois réels, ça se saurait. Même les officines de reclassement, que les employeurs d'entreprises de plus de mille salariés sont obligés de mettre sur pied dans le cadre des licenciements économiques, se contentent dans la plupart des cas d'encaisser de l'argent en demandant aux salariés licenciés de consulter... les listes d'offres de l'ANPE.
Ce sont tous les travailleurs qui sont visés, ceux au chômage comme ceux en activité. Les patrons voudraient bien profiter encore plus de la situation et des 2,5 millions de chômeurs officiels recensés, pour faire baisser les salaires de tous. Si l'on pouvait forcer les licenciés à accepter de travailler tous pour 600 euros, on pourrait faire régner une concurrence sauvage entre travailleurs et imposer à tous les autres des salaires à la baisse.
La déclaration du directeur de l'Unedic rentre dans le cadre de l'offensive menée par le patronat et le gouvernement contre l'ensemble du monde du travail.