Pays basque espagnol : Batasuna illégal, mais toujours présent22/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1916.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pays basque espagnol : Batasuna illégal, mais toujours présent

Les élections au Parlement basque qui se sont déroulées le 17 avril modifient sensiblement le nombre de députés des plus grands partis par rapport aux précédentes élections de 2001.

Le Parti Nationaliste Basque, qui pensait obtenir la majorité absolue de 38 députés, perd des voix et passe de 33 à 29 élus. Le Parti Socialiste Basque gagne lui 5 sièges, passant de 13 à 19, alors que le Parti Populaire, de droite, passe de 19 à 15. Le groupe IU (Izquierda Unida, «Gauche Unie»), communiste et écologiste, se maintient avec 3 députés.

Le plus notable de ces élections est la percée du Parti Communiste des Terres Basques (PCTV). Ce petit parti, qui n'existait quasiment pas sur la scène parlementaire, a «offert sa candidature» à Batasuna, le parti nationaliste radical, interdit d'élections par la justice à cause de son soutien à ETA.

Début avril, le lendemain de l'annulation des listes liées à Batasuna, le Parti Communiste des Terres Basques avait déclaré que, pour que «toutes les options politiques soient représentées», sa liste serait celle des nationalistes radicaux. Et Batasuna, par la voix de son dirigeant Otegui, avait alors appelé à voter pour le PCTV.

Le PCTV a donc obtenu 12,5% de suffrages et 9 députés, alors que Batasuna n'avait que 10% des voix et 7 députés en 2001. Il y a eu, visiblement, dans une partie de l'électorat basque, une claire volonté de sanctionner l'atteinte aux libertés que représente l'interdiction de Batasuna. Ce vote a permis au PCTV, qui s'était fait le «porte-parole» de Batasuna, de retrouver les scores élevés atteints par celui-ci aux élections de 1993 et de 1997.

Le Parti Nationaliste Basque, majoritaire mais loin de la majorité absolue, est maintenant dans l'obligation de chercher des alliés pour gouverner, et la forte présence de Batasuna, même masqué derrière le PCTV, va être au centre des discussions. Si l'actuel «lehendakari» (chef du gouvernement basque) Ibarretxe veut diriger, il va lui falloir non seulement continuer à avoir l'appui d'IU, mais sans doute discuter avec le PCTV. À moins qu'il ne tente une négociation avec le Parti Socialiste Basque, avec lequel il est en complet désaccord sur l'avenir du Pays basque, dont le PNV voudrait faire un État librement associé à l'Espagne. Toutes les alliances à venir vont donc beaucoup préoccuper les politiciens et les commentateurs.

Le nationalisme radical au Pays basque continue à poser des problèmes aux gouvernements basques et espagnols successifs. Il n'est malheureusement porteur en rien d'un programme et d'idées qui puissent aider la classe ouvrière basque, encore moins la classe ouvrière de l'ensemble de l'Espagne, à faire face aux coups qu'elle subit. Pourtant, il serait urgent de préparer une contre-offensive face aux bourgeoisies basque ou espagnole qui continuent à s'attaquer durement au monde du travail.

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