Le RIF, droit d’exploitation accrue pour les armateurs22/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1916.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le RIF, droit d’exploitation accrue pour les armateurs

Après les députés, les sénateurs ont voté le 14 avril la loi créant le «Registre international français». Grâce à ce RIF les compagnies maritimes françaises pourront embaucher jusqu'à 75% de leurs équipages aux conditions de leur choix, c'est-à-dire aux salaires du Tiers Monde. Et cela sans avoir recours à un pavillon de complaisance et en bénéficiant des avantages liés au pavillon français: subventions, baisses d'impôts, etc. Pour certains navires, il suffira que le capitaine et le second soient français (et payés selon la loi française) et tout le reste de l'équipage pourra être embauché aux conditions des bateaux-poubelles. Cette loi est donc une attaque en règle contre les conditions de travail et contre les emplois des marins du commerce.

Les marins ont donc manifesté contre le RIF en mars, lorsque la loi est passée devant les députés. Ils ont alors bloqué le port de Calais, d'où partent les ferries pour la Grande-Bretagne, et se sont heurtés à la police. Ils ont recommencé le 14 avril, lors du vote des sénateurs, bloquant à nouveau les ferries de SeaFrance, à Calais. Ils sont venus manifester à Paris où, à nouveau, ils ont été accueillis par les CRS. À Marseille, les marins de la SNCM sont en grève contre le RIF depuis ce moment-là.

Le ministre de la Mer prétend qu'il s'agit de renforcer la flotte française, passée du 4e au 29e rang mondial. Mais les premières flottes mondiales sont celles du Panama et du Liberia grâce à leurs pavillons de complaisance. Les armateurs des navires battant pavillon du Panama sont américains, japonais, français, etc. Près de 50% des navires des armateurs français battent officiellement pavillon de complaisance. Les salaires, les conditions de travail, les normes de sécurité, l'état des bâtiments sont du ressort du pays où le bateau est enregistré. Les bénéfices aboutissent dans les grandes compagnies occidentales. Le ministre a le front de dire que cette nouvelle loi permettra de lutter contre les pavillons de complaisance, alors qu'elle exonérera les armateurs non seulement du code du travail mais même de la peine d'aller à la recherche d'un tel pavillon.

L'actualité voudrait que l'on qualifie le RIF de directive Bolkestein des mers. Mais l'antériorité des pratiques des armateurs fait que c'est plutôt Bolkestein qui propose des pavillons de complaisance sur la terre ferme...

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