La grève des urgentistes : Entre le profit et la santé, il faut choisir22/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1916.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La grève des urgentistes : Entre le profit et la santé, il faut choisir

Les urgentistes ont entamé leur troisième semaine de grève, et le succès de leur mouvement a obligé le gouvernement à quelques concessions.

Un projet d'accord, signé le 18 avril, augmente le budget 2005 des Urgences de 175 millions d'euros à 190 millions. C'est peu par rapport à la demande initiale de doubler cette somme mais, comme l'explique Frédéric Pain, secrétaire général de l'Amuhf (Association des médecins urgentistes hospitaliers de France), «c'est le reflet d'un tour des régions qui dès le départ avait montré qu'il manquait 15 millions». Ces 15 millions ne permettront pas de modifier radicalement la situation des services d'urgences, que la grève a mise en évidence. Il faudrait pour cela bien plus de moyens, pour ouvrir des lits alors qu'aujourd'hui on en ferme dans tous les hôpitaux et pour embaucher du personnel. Mais la grève des urgentistes a permis en tout cas d'alerter la population et de mettre le gouvernement devant ses responsabilités.

Pendant cette grève, certains ont expliqué que les Urgences étaient au bord de l'asphyxie parce que les généralistes n'assuraient pas les gardes de nuit et de week-end. Avant 2003, celles-ci étaient obligatoires et non payées. Depuis 2003 elles sont basées sur le volontariat et sont difficilement assurées, ce qui a amené le gouvernement à publier un décret autorisant le préfet à réquisitionner des médecins pour les assurer.

Les syndicats de médecins libéraux prétendent qu'il suffirait d'augmenter le tarif des gardes pour trouver des volontaires et le gouvernement leur a allègrement emboîté le pas en débloquant 60 millions d'euros -quatre fois plus que pour les urgences- pour les augmenter. Alors qu'un médecin de garde touchait 50 euros pour une garde de douze heures, il touchera maintenant 50 euros entre 20 et 24 h, 100 euros entre 24 et 8 h et 150 euros pour 12 heures le week-end. Chassang, président de la CSMF, un des principaux syndicats de médecins libéraux, s'en est félicité en disant: «On crée les conditions nécessaires pour que les médecins généralistes s'impliquent encore davantage dans la permanence des soins.» Si l'on comprend bien, les conditions nécessaires sont que l'assurance-maladie, c'est-à-dire les assurés, mette la main à la poche pour remplir celles des médecins! Mais il n'est même pas certain que cela permette de régler le problème des gardes car, dans certaines régions devenues des «déserts médicaux», c'est le manque de médecins qui pose problème... dans la journée.

Finalement, à l'hôpital, dans les services d'urgences comme dans les autres, ou en ville, la médecine fonctionne aujourd'hui sur des critères de rentabilité. Et les intérêts de la population n'ont rien à voir avec cela.

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