Irak : Ceux qui ont imposé un embargo inhumain ne sont pas en procès22/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1916.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : Ceux qui ont imposé un embargo inhumain ne sont pas en procès

Aux États-Unis, un procès s'est ouvert contre des dirigeants d'une société ayant profité du programme «pétrole contre nourriture» avec l'Irak, qui fixait les règles de fonctionnement de l'embargo imposé sous le régime de Saddam Hussein. Les inculpés, après avoir distribué des pots-de-vin à des entreprises et à des banques contrôlées par le régime, achetaient du pétrole irakien à très bas prix et en tiraient de gros profits.

Ces pratiques de rapaces de quelques individus -somme toute très ordinaires dans le monde capitaliste- n'apportent qu'une dose supplémentaire d'odieux au sordide de cet embargo que les États-Unis et, entre autres, la France, ont infligé à la population irakienne pendant plus de dix années et qui faisait payer à l'ensemble de celle-ci le fait que Saddam Hussein avait cessé de plaire aux États-Unis.

«Au lieu de faire parvenir l'aide aux personnes qui en avaient le plus besoin, ce qui était l'objectif du programme, les accusés ont facilité le transfert d'argent à des sociétés écrans créées par le régime de Saddam», a déclaré le procureur à ce procès. Mais en réalité la résolution adoptée en 1995, dite «pétrole contre nourriture», autorisait le gouvernement irakien à vendre du pétrole en quantité limitée et à disposer officiellement de la moitié de ces revenus pour acheter de la nourriture, des médicaments et des produits de première nécessité. Un comité des sanctions contrôlait les commandes irakiennes et en rejetait une bonne partie, depuis les mines de crayon jusqu'à certains médicaments, sous prétexte d'une possible utilisation dans la fabrication d'armes de destruction massive.

Comme l'expliquait un ancien coordinateur des services humanitaires de l'ONU en Irak, «le Comité des sanctions peut approuver neuf commandes et bloquer la dixième, sachant très bien que, sans elle, les neuf premières ne servent à rien... C'est un stratagème étudié.» Les conséquences de cet embargo furent dramatiques pour les populations. On a estimé qu'un million d'Irakiens, dont la moitié d'enfants, en sont morts, avant même que la deuxième guerre du Golfe fasse de nouvelles victimes et achève la destruction du pays.

Ce procès-là, le procès de cette politique criminelle menée contre tout un peuple, est encore à faire.

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