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Institut Gustave-Roussy : «Plan Cancer» et plan d’économies
Le personnel de l'institut Gustave-Roussy, à Villejuif (Val-de-Marne), a fait grève lundi 18 avril, pour protester contre le plan d'économies imposé par la direction.
Cet institut, qui regroupe un hôpital, un centre de recherche et un centre d'enseignement, se targue d'être le premier centre de recherche sur le cancer en Europe. C'est un organisme de droit privé, bien qu'il soit financé à 94% par l'assurance-maladie, le reste étant aussi en grande partie fourni par des subventions publiques. La direction, prétextant un déficit cumulé de 26 millions d'euros, pour un budget annuel de 178 millions, veut obtenir un retour à ce qu'elle appelle «l'équilibre financier».
Pour y parvenir, elle prévoit la suppression, en cinq ans, de 176 emplois de toutes catégories. Les syndicalistes font remarquer que le personnel travaille déjà à «flux tendu», comme dans tous les hôpitaux: 70 à 80 postes d'infirmières sont vacants en permanence; les arrêts de travail pour grossesse, maladie ou formation ne sont pas remplacés; la nuit, seulement 20% des personnels infirmiers sont des titulaires de Gustave-Roussy. Les suppressions d'emplois aggraveraient encore cette situation.
Le plan prévoit également de confier la restauration, le nettoyage et «l'hôtellerie» à des entreprises extérieures. Ce genre d'opération se traduit toujours par une dégradation des conditions de travail du personnel concerné, souvent par une diminution du service rendu aux patients et, de plus, l'économie faite par l'hôpital est de courte durée, quand elle existe. Mais la privatisation est dans l'air du temps. Qu'importent les emplois, les soins aux malades et même le budget de l'hôpital, si on peut donner à la Sodexho ou à un autre l'occasion de faire des profits!
La direction de cet hôpital, comme le patron d'une usine, veut à la fois diminuer les frais de personnel de 10% et augmenter l'activité de 10%. À quoi mesure-t-on la productivité du personnel d'un service de cancérologie? Quel bénéfice autre qu'humain peut-on tirer des soins et de l'attention apportés à des grands malades?
La protestation des personnels de Gustave-Roussy a reçu le soutien de familles de personnes soignées à l'Institut. Elles soulignent l'importance de l'entourage humain pour les malades, c'est-à-dire la nécessité d'avoir un personnel non seulement compétent mais aussi assez nombreux pour avoir la disponibilité nécessaire à l'égard des malades.
Ce plan de restrictions budgétaires appliqué à un centre de lutte contre le cancer fait partie du plan général de restriction des budgets de la santé publique. Chirac avait pourtant promis de faire de la lutte contre le cancer une priorité nationale. Il avait même lancé, en juillet 2002, à grands sons de trompe, un «Plan Cancer» visant à mettre en oeuvre les moyens nécessaires pour vaincre cette maladie. Mais le «Plan Profits» est prioritaire sur tous les autres.