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Leur société
Écoles primaires : Fillon maîtrise la soustraction... de postes d’enseignants
L'Éducation nationale recrutera dans le primaire et les maternelles encore moins d'enseignants que les années précédentes. Seuls 12805 postes de professeurs des écoles (le titre des anciens instituteurs) sont mis aux concours de cette année, 450 de moins qu'en 2004.
Pourtant, s'il est une tranche d'âge où le ministère de l'Éducation nationale n'a pas l'alibi de la diminution du nombre d'élèves, c'est bien celle-là. Selon ses propres chiffres, il y aura dans les écoles 51000 élèves de plus l'an prochain. Fillon avait même promis dans son budget des postes supplémentaires à ce niveau. Il espérait ainsi justifier les postes d'enseignants qu'il supprimait dans les collèges et les lycées, sous prétexte d'une baisse démographique globale. Mais comme il n'est pas à une hypocrisie près, il a inventé un autre argument. De nombreux enseignants dans le primaire vont, d'après lui, devoir reculer leur départ en retraite, à cause des nouvelles lois en la matière, dont la mise en oeuvre est du même Fillon du temps où il était ministre du Travail. Pas besoin donc d'en recruter trop, puisqu'il y aurait finalement beaucoup moins de départs que les 15400 prévus. Élèves en plus ou élèves en moins, Fillon a toujours les yeux fixés sur la calculette qui lui indique le nombre de postes à supprimer. Dans les dix ans qui viennent, la moitié des enseignants devraient partir à la retraite, mais il n'est pas question pour le ministère d'en recruter autant de nouveaux pour compenser.
On mesure déjà les conséquences de cette politique. Ce qui correspond aujourd'hui à la norme aboutit à des classes bien trop nombreuses pour que les enfants puissent vraiment apprendre à lire, à écrire ou à compter, notamment dans les quartiers populaires. Pire, il suffit bien souvent qu'une enseignante parte en congé maternité pour que les élèves soient répartis dans les autres classes pendant plusieurs semaines, puisqu'il n'y a pas de remplaçants. Inutile de dire qu'avec dix élèves de cours préparatoire dans sa classe de CM 2 par exemple, un enseignant ne peut s'occuper correctement ni des uns ni des autres. Mais la baisse du recrutement dans le primaire ne pourra qu'aggraver une situation déjà difficile, voire insupportable dans maints établissements.
Pour tenter, en vain, de vendre sa réforme de l'Éducation, il versait des larmes de crocodile sur les enfants qui arrivaient au collège sans savoir vraiment lire, écrire ou compter. En faisant des coupes claires parmi les enseignants, il détériore délibérément une situation déjà peu brillante!