Arc International – Saint-Omer (62) (ex-Verrerie Cristallerie d’Arques) : Emplois cassés, salaires brisés!22/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1916.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Arc International – Saint-Omer (62) (ex-Verrerie Cristallerie d’Arques) : Emplois cassés, salaires brisés!

Depuis l'annonce, en octobre 2004, de 2659 suppressions d'emplois dans les usines d'Arques (plus de 10000 salariés), la famille Durand qui dirige Arc International organise la restructuration avec la complicité de plusieurs organisations syndicales. En effet, le Syndicat Autonome (créé par Durand en 1968), la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC ont signé un accord de méthode qui permet de court-circuiter les procédures légales de mise en place de «plans sociaux». La CGT et FO ont refusé cet accord qui laisse les mains libres à la direction pour supprimer des emplois, imposer des mutations avec des pertes de salaire et externaliser des secteurs entiers de l'entreprise.

Afin d'appâter les travailleurs, la direction a mis en place un plan de préretraite maison à partir de 55 ans, avec 80% du salaire net et un revenu minimum de 900 euros par mois. Cela pourrait concerner 1500 salariés de juillet 2006 à fin 2008. Par ailleurs 1200 salariés seront partis en préretraite CATS pour travaux pénibles à la fin juillet 2006. La plupart des salariés âgés, qui ont bien souvent plus de trente ans d'ancienneté à la verrerie, en ont assez et aspirent à quitter le plus vite possible l'entreprise car les conditions de travail se dégradent et les revenus sont en chute libre. La direction affirme que la famille Durand a fait de gros efforts pour financer ces préretraites, mais l'État apporte aussi sa contribution... avec une participation confidentielle.

Pour justifier ce plan de restructuration, les patrons invoquent la concurrence internationale et la baisse des ventes sur certains marchés.

Les comptes d'Arc International, en France, affichent des pertes de quelques dizaines de millions d'euros, mais fin 2003 les fonds propres de l'entreprise représentaient près d'un milliard d'euros, et la famille Durand s'octroie des dividendes importants. On ne sait rien de la situation financière du groupe à l'échelle internationale, avec des usines en Italie, Espagne, aux USA et en Chine. De plus, des centaines de millions d'euros ont été consacrés au rachat de nombreuses entreprises afin de contrôler mondialement le secteur des «arts de la table». Et cela s'effectue sans aucun endettement de l'entreprise.

La famille Durand est au tableau des plus grandes fortunes de France, mais ça ne suffit pas. Elle recherche le profit maximum, quitte à sacrifier les conditions de vie de milliers de salariés et à enfoncer dans le chômage des milliers de jeunes de la région de Saint-Omer qui trouvaient, jusqu'à maintenant, du travail à la cristallerie d'Arques.

Un membre du clan Durand, qui est comme par hasard président de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Saint-Omer, a le culot de dire qu'il allait se battre pour créer des emplois en favorisant des créations d'entreprises, lui, le principal responsable de la casse de l'emploi dans la région!

La direction crée effectivement de nouvelles entreprises, en externalisant des ateliers. L'atelier Chaudronnerie est revendu à la société Ferway. La direction d'AI a déclaré hypocritement qu'elle «n'abandonnait» pas les 82 salariés concernés, qui ont pourtant toutes les raisons d'être inquiets pour leur avenir immédiat, en ce qui concerne leurs salaires et leurs conditions de travail. La même opération est en cours pour le secteur jardinage de l'usine. Le chef actuel va créer une entreprise qui reprendrait la vingtaine de jardiniers. Ils seraient licenciés par AI et signeraient avec leur nouveau patron un nouveau contrat de travail.

Voilà comment la famille Durand se débarrasse des salariés, et plusieurs centaines d'autres pourraient connaître le même sort peu enviable. Car la direction veut mettre en place un vaste plan de mobilité et de mutations dans l'entreprise avec, en cas de refus, le licenciement.

À ce plan destructeur d'emplois, s'ajoutent le blocage des salaires depuis 2000, la dégringolade de la prime d'intéressement et de la participation aux bénéfices. Alors que celle-ci s'élevait jusqu'à 1500 euros il y a quelques années, elle a atteint en 2004 la somme royale de... 8 euros! Cette année, la prime d'intéressement sera calculée en fonction de l'objectif de gains de productivité fixé par la direction. La prime augmentera donc si la masse salariale diminue...

Face à ce rouleau compresseur de mesures antiouvrières, parmi les salarié(e)s d'Arc International la peur et l'inquiétude dominent, même si le ressentiment et la colère rentrée contre la famille Durand existent aussi. Il faudra pourtant bien recourir à la lutte pour obliger la famille Durand à prendre sur ses profits et sa fortune afin de garantir les emplois et les revenus de tous.

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