Aluminium Dunkerque – Loon-Plage (59) : L’action collective et la solidarité, c’est vital!22/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1916.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Aluminium Dunkerque – Loon-Plage (59) : L’action collective et la solidarité, c’est vital!

Depuis le rachat de Pechiney par le groupe canadien Alcan, d'après le directeur, lui aussi canadien, Aluminium Dunkerque (AD) est considéré comme le «vaisseau amiral» d'Alcan en Europe. Peut-être, mais alors la flotte subit un vrai sabordage, avec des usines fermées ou revendues. L'effectif d'Alcan en Europe est passé, sur un an, de 46000 à 34000 salariés.

AD produit plus de 250000 tonnes d'aluminium par an, en plaques et en lingots. Dans cette usine démarrée en 1991 avec les dernières innovations technologiques de l'électrolyse, les coûts de construction seront liquidés d'ici deux ans.

Ces dernières années, AD a réalisé de gros bénéfices. Avec un endettement nul et un cours de l'aluminium à 2000 dollars la tonne, c'est une entreprise qui s'avère très rentable malgré la hausse de l'électricité. La consommation d'électricité représente au moins une demi-tranche, sur les six de la centrale nucléaire de Gravelines, et avec la privatisation d'EDF les prix risquent encore d'augmenter, y compris pour les industriels. Les actionnaires d'EDF voudront faire des profits, comme ceux d'Alcan, et ils se battront entre eux pour récupérer la plus grosse part du gâteau sur le dos de tous les salariés.

Pour Alcan, la recherche du profit maximum, la distribution de gros dividendes aux actionnaires, la «création de valeur» sont au centre de tous les discours et des écrits dont on nous abreuve dans l'entreprise. Tous les secteurs de l'usine sont envahis par des tableaux de chiffres et d'objectifs en tout genre... que personne ne lit.

Parmi les 630 salariés, dont 440 opérateurs, nous sommes nombreux à ne pas croire le discours de la direction. Il est vrai qu'en dix ans nous avons appris à nous méfier, à contester les volontés des cadres dirigeants et aussi à faire grève.

La grève de 2000 pour les 35 heures reste marquée dans nos mémoires et dans celles des patrons. Elle avait duré 35 jours, nous étions 80% de grévistes parmi les opérateurs et plusieurs dizaines parmi l'encadrement, du début jusqu'à la fin.

Depuis, il y a eu de nombreuses grèves et débrayages, sur la retraite, la défense de la Sécurité sociale, les salaires, pour la levée de sanctions individuelles, pour l'arrêt des contrôles médicaux patronaux et contre les suppressions d'emplois dans le groupe Alcan-Pechiney. Lors de la journée interprofessionnelle du 10 mars, nous étions 70% de grévistes parmi les opérateurs pour la défense de l'emploi et les salaires.

Encore récemment, la direction s'est frottée au mécontentement des opérateurs. Il y a cinq mois, un jeune opérateur électrolyse de 22 ans s'est blessé gravement dans un accident de moto. La direction avait assuré qu'elle ne laisserait pas tomber notre jeune camarade, paralysé des deux jambes. Mais lorsqu'à la fin du mois de mars notre copain est venu se présenter à l'usine, la directrice du personnel lui a proposé de faire des formations pour retrouver du travail à l'extérieur. Cela a soulevé une grande émotion et scandalisé la grande majorité du personnel. Toute son équipe de travail a refusé de prendre son poste et a convoqué dans l'atelier la directrice du personnel pour qu'elle vienne s'expliquer. Elle a alors commencé à modifier ses propos. Trois jours plus tard, une autre équipe d'électrolyse au complet a envahi la réunion du Comité d'entreprise pour exiger du directeur que notre jeune camarade ait un emploi dans l'usine.

Le directeur s'est engagé à trouver une solution. Les opérateurs vont suivre l'affaire de près et ils ont prévenu que toutes les équipes sont prêtes à faire grève. L'action collective, le rapport de forces et la solidarité ouvrière sont bien les moyens les plus efficaces pour empêcher les mauvais coups des patrons et faire avancer nos revendications.

Partager