Allemagne : De la misère chez les PDG22/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1916.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : De la misère chez les PDG

Le mois dernier, la ministre de la Justice allemande a annoncé qu'elle entendait contraindre dans le futur les patrons allemands à publier tous les ans leur fiche de paie. En théorie, l'an prochain un millier d'entreprises cotées en Bourse devraient donc publier les salaires de leurs PDG. Mais les patrons allemands ne sont pas tous partants pour cet exercice de transparence.

Le patron de Porsche mène la fronde et la Fédération allemande de l'industrie (BDI) a déclaré que les entreprises ont le droit de décider toutes seules de ce qu'elles veulent faire. D'autres, comme BMW ou Mercedes-Daimler-Chrysler, obtempéreront seulement si le gouvernement fait passer son projet de loi.

Dans cette ambiance, certains actionnaires, contents que le ministre leur donne un coup de pouce, tentent de réduire les revenus des PDG à leur profit. C'est ainsi que les actionnaires de la société Puma, qui se plaignent de n'avoir touché qu'un euro de dividende par action, viennent de refuser le programme de stock-options concocté par ses dirigeants.

Tout ne va pas cependant si mal entre actionnaires et PDG. La ministre de la Justice a d'ailleurs prévu dans son projet de loi que l'assemblée des actionnaires pourra éventuellement décider à la majorité qualifiée des trois quarts que les salaires du PDG resteront secrets.

Cependant, certains PDG jouent déjà le jeu et font connaître le montant de leur salaire. Celui de Volkswagen touche 2,6 millions d'euros par an et celui de Siemens fait mieux, avec 3,56 millions. Ces salaires se situent dans la moyenne des évaluations déjà publiées chaque année. Le revenu moyen des PDG des grandes entreprises allemandes était estimé en effet à 2,4 millions d'euros par an en 2003, en progression de près de 100% par rapport à 2002, où il aurait été de 1,25 million d'euros.

Mais cette année, celui par qui le scandale arrive est une fois de plus le patron de la Deutsche Bank, qui affiche un résultat à faire pâlir ses pairs: 10,1 millions d'euros en 2004, soit 380 fois ce que touche un employé de sa banque. Pour se justifier, il a expliqué qu'il empochait moins que les conseillers financiers qu'il emploie. Son salaire ne serait, dit-il, que le quatorzième en importance dans son groupe. Et ses revenus seraient même cette année en diminution par rapport à ceux de l'an dernier, de 9% supérieurs!

La Deutsche Bank est une entreprise plus que prospère. Elle a augmenté ses résultats de 87% cette année et, pour les améliorer encore, elle prépare un plan de réduction du personnel de 10%, ce qui devrait supprimer 6 400 emplois.

Les PDG français, quant à eux, n'ont pas trop de raisons de jalouser les patrons allemands. Les salaires des PDG des grandes entreprises avaient progressé de 23% en moyenne en 2003. Leur rémunération moyenne (stock-options compris) se situait à 6,2 millions d'euros. Certaines stars font beaucoup mieux que le PDG de la Deutsche Bank: 18,2 millions pour Bernard Arnault (LVMH) et 13,8 millions pour Zacharias, le patron du groupe Vinci. Arnaud Lagardère (Matra-Hachette), lui, n'avait gagné «que» 9,5 millions, mais sans stock-options.

Comme on le voit, la modération salariale est un usage exclusivement réservé aux seuls salariés.

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