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Air France – Orly : La direction licencie pour évacuer ses responsabilités
De nouveaux rapports officiels viennent d'être publiés concernant l'accident qui a coûté la vie à une hôtesse d'Air France, le 1er février dernier. Quelles que soient les nuances d'un rapport à l'autre, tous montrent du doigt les défauts dans les procédures, le mauvais état des escabeaux autotractés assurant la descente des avions, la nécessité d'avoir suffisamment de personnel, et mettent donc en cause la responsabilité de la société Air France. Mais celle-ci continue à s'acharner sur le travailleur de piste qui était aux commandes le jour de l'accident, dont elle vient d'annoncer le licenciement.
Cette décision est révoltante et les travailleurs de la compagnie l'ont fait savoir, mardi 19 avril, en faisant grève et en manifestant dans trois aérogares (Orly, Roissy et Toulouse), dans le cadre d'une journée d'action contre la déréglementation du transport aérien. Quatre syndicats ont décidé de contester le licenciement en portant plainte, une plainte qui vise la direction d'Air France.
À la suite de cette affaire, les rapports destinés à comprendre ce qui s'était passé le 1er février et à en tirer des leçons pour la sécurité des travailleurs et des passagers se sont multipliés. Le premier rapport de l'inspecteur du travail chargé d'examiner cette affaire avait mis en demeure la société Air France de respecter les procédures d'utilisation des escabeaux autotractés, de mettre aux normes ces escabeaux et, enfin, de faire appel à un personnel en nombre suffisant pour les manoeuvrer.
Ensuite, un rapport des CHS-CT (Comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) du personnel au sol et navigant faisait des recommandations identiques, insistant notamment sur la nécessité de maintenir, pour ces escabeaux, un effectif de trois assistants de piste sous l'avion. À son tour, la Direction régionale du travail (DRT) vient de publier un rapport. Celui-ci ne suit pas toutes les conclusions de l'inspecteur du travail, mais reconnaît malgré tout que la compagnie doit revoir ses procédures, celles-ci pouvant mettre en danger les vies des passagers comme des employés. Enfin, l'ingénieur-conseil de la Caisse régionale d'assurance-maladie d'Ile-de-France (Cramif), donc la Sécurité sociale, a souligné de son côté qu'Air France se doit, du fait du mauvais état de la plupart des escabeaux, de mettre du personnel supplémentaire en vigie pour en effectuer la manoeuvre.
La direction d'Air France elle-même, en annonçant dans un message interne (Flash-Actu) qu'elle allait remplacer tous les escabeaux autotractés et revoir leurs procédures d'utilisation, reconnaît indirectement sa responsabilité. Elle a néanmoins le culot de désigner comme seul responsable de l'accident le travailleur qui conduisait l'escabeau. Cela reste en travers de la gorge de bien des salariés d'Air France, et ils sauront s'en souvenir.