Transports en commun : Les projets antigrèveres sortent des tiroirs15/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1915.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Transports en commun : Les projets antigrèveres sortent des tiroirs

Il faut "un service maximum en cas de grève" dans les transports en commun, RATP et SNCF; telle est la dernière trouvaille du ministre des Transports, Gilles de Robien, qui a annoncé sa mise en place d'ici fin juin prochain. Il est bien sûr de lui...

Le ministre revient ainsi à la charge contre le droit de grève des travailleurs de ces entreprises, sous prétexte que les récentes grèves qui se sont déroulées à la SNCF (protestant en particulier contre le manque d'effectifs, les bas salaires) comme à la RATP (réclamant des effectifs) se sont déroulées sans respecter la procédure de "l'alarme sociale" (qui n'est pas légalement obligatoire). Cette procédure prévoit en particulier que les organisations syndicales engagent des discussions bien avant de déposer un préavis de grève, en faisant tout pour qu'il n'y ait pas grève... Or, à la SNCF comme à la RATP, les travailleurs n'ont pas attendu le déroulement des étapes de ce parcours dilatoire pour manifester leur mécontentement en arrêtant le travail. Certes, les grèves sont restées minoritaires. Mais de Robien en tire argument et déclare qu'"il est inadmissible que, lorsque 70% des personnels sont non grévistes, seulement 30% du service est assuré", ce à quoi les cheminots et salariés de la RATP pourraient lui rétorquer que si 30% de grévistes compromettent 70% du service, c'est bien la preuve qu'il y a un manque criant de personnel...

Reste que pour mettre en place son "service maximum", le ministre mijote le projet de faire jouer aux non-grévistes le rôle de briseurs de grève. "Des conducteurs ou des contrôleurs non grévistes doivent pouvoir être appelés en renfort et déplacés d'un réseau à l'autre en fonction de l'impact prévisible d'une grève annoncée, cela pour assurer un service maximum." Les rares fois où la SNCF s'est aventurée à ce petit jeu, par exemple lors de la grève des contrôleurs (après le viol de l'une d'entre eux, le 27 janvier dernier), mal lui en a pris. Elle n'a trouvé que quelques cadres pour faire son sale boulot, vite repérés et montrés du doigt avant d'être contraints de s'esquiver. Pour sa part, la présidente de la RATP, Anne-Marie Idrac, voudrait garantir "un niveau de service ligne par ligne en cas de grève", un métro sur deux par exemple, ce qui est bien souvent la règle sans même qu'il y ait grève, tant les incidents sont nombreux, dus au manque d'entretien du matériel et des lignes.

De Robien fait semblant de défendre les usagers qui seraient victimes des grèves dans les transports en commun. Mais c'est le gouvernement qui laisse se dégrader les services publics. La direction de la SNCF taille en ce moment dans tous les secteurs afin de réduire les emplois, de supprimer des services entiers (aussi bien ouvriers qu'employés aux guichets ou aux services clientèles), de faire des économies par souci de rentabiliser et de conforter ses profits. À la RATP, la même politique est mise en oeuvre, dont les travailleurs comme les usagers pâtissent.

Avec ses projets d'assurer un maximum de service pendant les mouvements de grève et un minimum en temps ordinaire, le gouvernement pourrait bien déclencher un maximum de colère chez les travailleurs des transports en commun.

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