- Accueil
- Lutte ouvrière n°1915
- Région Rhône-Alpes : Grèves pour les salaires
Dans les entreprises
Région Rhône-Alpes : Grèves pour les salaires
Une grande partie des ouvriers de Cotelle, à Rillieux (Rhône), est en grève depuis vendredi 8 avril pour de meilleurs salaires. L'usine, qui appartient au groupe Colgate-Palmolive, conditionne de l'eau de Javel en doses ou en bouteilles. Ce groupe a affiché une hausse de plus de 10% des bénéfices chaque année depuis 2001 pendant que les salaires augmentaient au maximum de 2% par an après plusieurs années de blocage.
À Rillieux, depuis plusieurs années, les départs ne sont pas remplacés et la charge de travail ne cesse d'augmenter. Seuls les agents de maîtrise sont plus nombreux et ce sont eux qui bénéficient des augmentations les plus fortes. D'autre part, Colgate-Palmolive a décidé en décembre dernier un plan de fermeture d'un tiers de ses usines et 4400 suppressions d'emplois dans le monde. Ainsi l'usine de Gand, en Belgique, va fermer, et l'usine de Rillieux en récupère la production avec seulement une quinzaine d'emplois supplémentaires, au lieu de 50 à Gand. Cela signifie toujours plus de chômeurs, toujours plus de travail pour les ouvriers qui restent, cela pour le plus grand bien des actionnaires.
Lorsque la direction a annoncé 1% en mars et 0,8% en septembre, les travailleurs ont donc été nombreux à exprimer leur ras-le-bol d'être ainsi méprisés. Après une nouvelle fin de non- recevoir du patron jeudi 7 avril, la grève a commencé le lendemain pour une augmentation de 100 euros pour tous.
Lundi 11, la direction a de nouveau reçu les syndicats pour menacer les grévistes, les traitant d'irresponsables qui mettraient l'avenir de l'usine en danger. Mais s'il est si impératif de produire, il ne tient qu'à elle de mettre fin à la grève en cédant aux revendications. Les grévistes présents ont décidé à l'unanimité la reconduction de la grève pour le lendemain.
Les travailleurs de Cotelle ne sont pas les seuls, dans la région Rhône-Alpes, à s'être mis en grève pour les salaires. Déjà, en mars, les salariés de Sanofi-Pasteur, à Marcy-l'Étoile, avaient obtenu des augmentations au bout de trois jours de grève. Mais les travailleurs postés de Rhodia, à Valence, après dix-huit jours de grève, n'avaient eu que des promesses. Dans le Nord-Isère aussi, les salariés de la compagnie de cars Sérus avaient, eux, fait deux semaines de grève pour des augmentations. Et le 31 mars, 200 ouvrières des différentes usines Lejaby de la région sont venues manifester au siège social à Rillieux, pour protester contre leurs salaires particulièrement bas.
Dans l'Ain également, il y a eu des grèves pour les salaires, en particulier au garage Arno à Bourg-en-Bresse et dans une fabrique de cercueils à Reyrieux. Dans la même zone industrielle de Reyrieux, les ouvriers de l'usine Danfoss (fabrique de compresseurs) sont en grève depuis le 22 mars, en même temps que ceux de l'usine Danfoss d'Anse (Rhône). Trouvant les 2% prévus pour 2005 insuffisants, ils revendiquent 4% de plus, avec un minimum de 74,50 euros. Après avoir bloqué les portes pendant dix jours, ils ont libéré l'entrée suite à un jugement en référé et pour permettre des négociations. Mais le patron ne veut rien entendre sur les augmentations générales: il ne veut parler que d'augmentations individuelles. Aussi la grève continue-t-elle.
Tous ces mouvements expriment le ras-le-bol de ne pas pouvoir vivre avec son salaire pendant que les entreprises affichent des profits dont les actionnaires sont les seuls à bénéficier; les travailleurs en ont assez et certains désormais sont prêts à prendre le risque de perdre de l'argent pour le faire savoir.