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Leur société
Promesses : Le chômage avance, Raffarin recule
Tout à l'enthousiasme d'une nouvelle formule prononcée lors d'un discours de décembre dernier, le "contrat France 2005", le Premier ministre confirmait alors -quelque peu imprudemment- son engagement de résultat. Celui-ci était de "baisser de 10% le nombre de chômeurs d'ici à la fin de 2005". La ligne d'arrivée est encore loin à l'horizon que Raffarin jette déjà l'éponge. Il a déclaré le 11 avril que cet objectif "reste son ambition" mais que "le nouveau choc pétrolier décale peut-être sa réalisation de quelques mois".
De 9,9% à la fin 2004, le taux officiel du chômage a atteint et dépassé les 10% à cause d'une hausse de 0,7% en janvier et à nouveau de 0,5% en février dernier. À la suite de cela, le ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, avait préparé le terrain en annonçant que la baisse attendue par le chef du gouvernement ne se ferait probablement pas dans les délais. Il fut tancé pour cela par son collègue de l'Industrie, Devedjian, qui n'a pas manqué de lui reprocher de "ne même pas croire à son propre plan". Devedjian, lui, mentionnait sa botte secrète: "Le grand projet de développement des services à la personne."
Il faut croire que le Premier ministre lui-même n'y croit pas non plus. Il se réfugie cependant derrière l'Unedic et plusieurs instituts qui prédiraient une diminution de 120000 demandeurs d'emplois cette année. Tout au plus tente-t-il ainsi de ne pas trop tirer vers le bas le taux des "oui" dans les sondages pour le référendum sur la Constitution européenne. Pas question cependant pour Raffarin de donner des explications sur l'emploi des 24,5 milliards d'euros consacrés en 2004 aux exonérations de charges patronales afin de "favoriser l'emploi" -le troisième plus gros poste budgétaire après l'Éducation nationale et la Recherche d'une part, et le remboursement des intérêts de la dette publique d'autre part. Son gouvernement ne fait que poursuivre une politique de baisse des cotisations patronales inaugurée par Juppé en 1993 pour un coût "modique" équivalant à 1 milliard d'euros, politique continuée par les gouvernements de l'opposition devenue majorité: Martine Aubry en 2001 y consacrait l'équivalent de 19,6 milliards d'euros.
En tout état de cause, Raffarin n'est pas programmé pour évoquer des créations de postes dans les services publics, comme le secteur hospitalier ou l'Éducation nationale, encore moins pour inciter son ministre de l'Industrie à susciter l'arrêt des suppressions d'emplois dans le privé. Le Medef veille au grain. Mais pourquoi tous ces gens-là s'obstinent-ils à nous seriner que leur priorité est "la lutte contre le chômage" alors que, de toute évidence, ils ne font rien pour s'y opposer?