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Leur société
Nantes : "Non aux démolitions de logements sociaux!"
Alors que la ville de Nantes accuse un déficit de 20000 logements sociaux bon marché, qu'il faut des années avant d'obtenir un logement HLM et que 400 SDF squattent le centre ville, la municipalité (gauche plurielle) dont le maire PS est Ayrault, porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée, est en train de mettre en chantier un vaste programme de rénovation urbaine avec démolition, reconstruction et réhabilitation de logements sociaux.
Le prétexte invoqué est la nécessité d'introduire de la "mixité sociale" dans certains quartiers où se trouvent des cités HLM vétustes et non entretenues depuis 40 ans et plus, mais qui sont très bien situées dans la ville: la cité Malakoff, en bord de Loire et tout près de la gare, les Dervallières, au coeur d'un parc par exemple. En plein boom de l'immobilier, l'occasion est trop bonne !
À Nantes, le parc HLM (23000 logements) est dirigé par l'organisme Nantes-Habitat sous gestion municipale. Derrière ces différents programmes de rénovation urbaine se cachent plusieurs objectifs complémentaires. Il s'agit de palier le manque de logements, problème qui touche toutes les grandes villes, de faire de Nantes une ville attractive pour une population ayant des revenus moyens et supérieurs, en se débarrassant des plus pauvres qui ne peuvent plus payer les loyers même modestes, enfin de faire la part belle aux promoteurs immobiliers qui investissent massivement dans les endroits les plus rentables, c'est-à-dire bien placés sur des terrains vendus par la municipalité, donc moins chers.
C'est ainsi que des centaines de logements sociaux sont déjà ou vont être démolis sous prétexte qu'ils sont trop dégradés pour être réhabilités. Certains de ces HLM n'ont jamais été entretenus depuis leur construction dans les années 1960, 1970 et maintenant on dit qu'il coûterait plus cher de les rénover! Quant à ceux qui restent en place, ils sont réhabilités, mais au prix de fortes hausses de loyer allant de 35 à 40%. Certains bâtiments sont aussi "résidentialisés" c'est-à-dire agrémentés de petits aménagements, de quelques arbres, ce qui permet d'augmenter les charges locatives et même le loyer.
Dans la cité de Malakoff, trois tours de 14 étages viennent aussi d'être vendues à d'autres bailleurs sociaux qui pratiquent des prix plus élevés que ceux de Nantes-Habitat C'est encore une autre façon de faire le ménage! Ailleurs, au Breil, ce sont carrément les terrains municipaux qui ont été vendus à des promoteurs immobiliers privés pour des lotissements à des prix inabordables pour des familles modestes.
C'est surtout dans le quartier Vallon de la cité des Dervallières que la résistance aux projets de la mairie s'organise. Cette cité construite dans un beau parc accueille une population ouvrière, aux revenus modestes, dont plus de 40% sont au chômage. Les loyers sont bas, la cité n'ayant jamais été rénovée depuis sa construction. Mais il y a tous les équipements sociaux, crèche, écoles, gymnase, piscine, maison de quartier, centre de loisirs pour les enfants, etc. Les habitants, en majorité, veulent rester et souhaitent que leurs logements soient réhabilités mais sans hausse de loyer. Ils ne veulent pas des démolitions proposées par la mairie (313 logements en tout dont 53 pavillons déclarés insalubres). Ils pensent, à juste titre, que dans ce qui sera reconstruit il y aura moins de logements sociaux et plus de résidences privées, et que les logements sociaux neufs seront à des prix doubles, voire triples de ce qu'ils payent actuellement (hausse de 200 euros. minimum pour un T3). Ils seront donc obligés de quitter le quartier pour prendre un logement moins cher ailleurs, ce dont ils ne veulent pas non plus.
Ils se sont donc organisés, venant nombreux aux réunions organisées sur le sujet par la mairie, distribuant des tracts, collant des affiches "Non aux démolitions, oui à la réhabilitation sans hausse de loyer", faisant signer une pétition en porte-à-porte.
Au conseil municipal, la conseillère Lutte Ouvrière a été la seule à exprimer leur opposition à ce projet qui consiste "sous prétexte de mixité sociale, à chasser les pauvres de Nantes", et à voter contre. Il est à noter qu'en revanche, le Parti Communiste, sur le terrain et au conseil municipal, ne s'est jamais opposé aux projets de la mairie, contre l'avis d'une partie de ses sympathisants et électeurs de la cité. En l'occurrence "l'Union de la gauche" consiste à soutenir Jean-Marc Ayrault qui mène pour la ville de Nantes une politique qui a même reçu les félicitations de Borloo!