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Dans les entreprises
Hutchinson-Chambray(Indre-et-Loire) : De bonnes raisons de débrayer
Vendredi 8 avril, dans le cadre d'un mouvement national à l'appel de la CGT et de la CFDT pour des hausses de salaire et contre le travail le lundi de Pentecôte, des actions de grèves et de débrayages ont eu lieu dans les entreprises du groupe Total. À Hutchinson, filiale de cette multinationale, les salariés se sont aussi mobilisés.
Si Total est essentiellement connu pour son pétrole, c'est aussi un groupe important de la chimie avec sa filiale Arkéma, et dans le caoutchouc industriel, avec le groupe Hutchinson. Ce dernier est devenu un conglomérat d'entreprises (Tigex, Mapa, Spontex, le Joint Français...). Ses activités vont de la puériculture au préservatif en passant par l'éponge, les courroies, les pneus... et cette production est assurée par des travailleurs dont le niveau de salaire est très bas.
À Joué-lès-Tours et Chambray-lès-Tours, avec la prime d'équipe, de panier et d'ancienneté, le salaire dépasse à peine les 1000 euros. L'usine tourne en permanence avec 30% d'intérimaires en production depuis plus de dix ans. Les conditions de travail dans toutes les usines du groupe se dégradent de plus en plus, la course à la productivité se fait à l'encontre de la santé des travailleurs. À Joué-lès-Tours, pour augmenter le nombre de pièces par équipe, la direction a diminué les temps de cuisson pour les mouleurs et a, par contre, augmenté le nombre de moules que chacun a en charge. En trois ans le nombre de moules par ouvrier est passé de 12 à 15 et le nombre de cuissons de 12 à 16. Du coup, les accidents sont en augmentation ainsi que les maladies et les troubles musculaires dus au travail.
Dans le même temps, les patrons d'Hutchinson Joué-lès-Tours ont réussi à se faire payer un centre de recherche clef en main par la communauté d'agglomération de Tours et par le Conseil général, en partenariat avec l'université. Hutchinson n'aura qu'à exploiter les locaux et une main-d'oeuvre étudiante payée par les fonds publics, et à en récolter les bénéfices. Une façon d'apporter sa pierre aux 9,5 milliards de profits du groupe Total.
Les travailleurs du groupe avaient donc bien des raisons de participer à l'action. À Joué-Chambray, une bonne partie d'entre nous ont débrayé durant quatre heures, pour dire notre mécontentement des salaires, des conditions de travail et aussi, en particulier, pour marquer notre refus de travailler le lundi de Pentecôte.