Hôpital Beaujon-Clichy (Hauts-de-Seine) : Le personnel refuse la flexibilité15/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1915.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpital Beaujon-Clichy (Hauts-de-Seine) : Le personnel refuse la flexibilité

Lundi 11 avril à dix heures, plus d'une centaine de travailleurs de l'hôpital Beaujon se sont réunis dans le hall, puis sont montés envahir la salle où devait se tenir le Comité Technique d'Établissement. Leur but était de manifester au directeur leur refus de changements dans l'organisation du travail qui, tôt ou tard, mèneraient à l'installation partout de la "grande équipe", c'est-à-dire une amplitude de quatorze heures (7 h - 21 h) au sein de laquelle la direction modifierait les horaires des agents au gré des besoins quotidiens de l'encadrement.

Flexibilité programmée

Quelques services fonctionnent déjà en douze heures, mais pour l'essentiel, les soignants de Beaujon sont soit du matin, soit de l'après-midi, soit de nuit. Bien sûr, il arrive que, dans l'urgence, par exemple pour pallier une absence imprévue, des agents dépassent leur horaire, voire changent d'équipe. C'est une exception qui, d'année en année, devient plus fréquente, car le "pool" de remplacement est insuffisant pour remédier à tous les problèmes. Cependant tout salarié peut faire valoir la règle des trois équipes pour résister à de tels changements lorsque les cadres les demandent.

Depuis quelque temps, la direction recrute déjà les nouveaux arrivants sur la base de fiches de poste en grande équipe. Cela ne facilite pas l'établissement des plannings et fait peser sur ceux qui sont en équipe fixe le risque qu'une fois minoritaires, on change leurs horaires.

Cette année, la direction a décidé de changer les règles. Sous prétexte qu'elle a de plus en plus de difficultés à embaucher des soignants en équipe d'après-midi, elle a mis au point le projet suivant: chaque soignant de jour devrait accomplir trois après-midi de travail par mois. Outre le fait de remédier à la pénurie d'effectifs d'après-midi, les cadres mettent en avant l'idée qu'il est plus insupportable pour le personnel d'être sollicité au dernier moment pour "tourner" que de le faire de façon planifiée.

C'est déjà bien avouer que la gestion du personnel ne reconnaît plus les équipes fixes. La vie des salariés, organisée en fonction d'horaires déterminés, voilà ce que l'administration ne supporte plus.

Les effectifs n'ont jamais été suffisants, mais aujourd'hui au gré des plans d'économies, les suppressions d'emplois font que la présence continue de personnel devient la quadrature du cercle. Aussi la direction veut-elle s'engager dans la flexibilité généralisée.

Travailler plus en étant moins

Les difficultés de recrutement sur l'après-midi ne sont pas une nouveauté. De tout temps, les horaires qui écourtent la matinée et amputent la soirée ont intéressé peu de monde. La direction prétend qu'aujourd'hui elle n'a plus les moyens de les imposer. En revanche, elle ne voit pas d'inconvénients à imposer au personnel habitué aux équipes fixes de tourner.

Mais le personnel ne veut pas mettre le doigt dans l'engrenage. L'expérience du forfait hôtelier qui augmente presque chaque année est dans tous les esprits. On commencera par trois après-midi, puis ce sera quatre puis cinq, etc. Comme il ne faut pas compter sur l'État pour que les restrictions budgétaires s'arrêtent, la flexibilité ne pourra que se développer.

Le rassemblement de lundi a montré à la direction qu'elle est loin d'avoir gagné. Durant deux heures, les directeurs ont affronté la colère du personnel. Les agents leur ont dit qu'ils n'étaient pas des esclaves corvéables à merci et que leur vie passait avant les économies. Une pétition de plus de 500 signatures a été déposée.

Le directeur ayant déclaré qu'il ne pouvait renoncer à son projet, une assemblée était convoquée mercredi 13 avril. L'administration n'en a pas fini avec les salariés en horaires fixes.

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