Flexibilité : Où l'on nous reparle du travail du dimanche15/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1915.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Flexibilité : Où l'on nous reparle du travail du dimanche

Le décret autorisant les centres d'appels et autres plates-formes d'assistance à utiliser le dimanche comme jour ouvrable normal, concocté depuis plusieurs mois par Borloo et Devedjian, ministres des Affaires sociales et de l'Industrie, est en passe d'être appliqué.

L'intention affichée par le premier serait de "clarifier la situation" qui voit nombre de centres d'appels fonctionner sept jours sur sept, et ce dans l'illégalité la plus complète. Donc, pour "moraliser la profession", il ne reste plus, selon les membres du gouvernement, qu'à adapter les textes à la réalité et à "moderniser" le code du travail, cette protection des salariés très relative mais pas encore assez souple au gré du patronat "moderne".

Selon le ministre de l'Industrie, il s'agirait de débusquer "un puissant facteur de délocalisation", qui expliquerait qu'actuellement, en France, le nombre de télé-opérateurs est inférieur à celui de la Grande-Bretagne ou des États-Unis.

Certes, le dimanche ne doit pas être un jour par définition intouchable, et on sait bien qu'un certain nombre d'activités indispensables au fonctionnement de la société, comme les hôpitaux, les communications, les transports, doivent être assurées ce jour-là aussi. Mais, outre que les deux jours consécutifs de repos constituent une nécessité pour les salariés, bien souvent mise à mal même dans des domaines où la production ne revêt aucun caractère d'urgence, comme l'industrie automobile, le fonctionnement actuel du calendrier de la grande majorité de la population salariée impose de se caler sur la fin de semaine pour avoir une vie sociale collective, en famille ou entre amis.

C'est également au congé du dimanche que viennent de s'attaquer certains commerces de luxe des Champs-Élysées, à Paris, qui réclament le droit d'ouvrir leurs scintillantes boutiques ce jour-là, au grand dam de leurs concurrents du commerce textile banal, y compris les chaînes, qui n'ont droit qu'à cinq dimanches de dérogation par an, sauf alibi "culturel". L'argument des boutiques de luxe est la pusillanimité de leurs clients, riches mais fantasques, car "quand un Saoudien veut dix costumes le dimanche, il n'attend pas le lendemain; le soir même il doit prendre son avion pour Londres", comme l'affirme un des commerçants. Un de ses collègues justifie la nécessité de la dérogation par son créneau: "Vous voyez cette ceinture? Elle coûte un demi-smic. Ici, nous faisons du très haut de gamme."

Il est vrai que leurs clients potentiels ne sont probablement pas freinés par la baisse de leur pouvoir d'achat, ni gênés par le fait que des salariés sacrifient leur vie de famille pour tenir à leur disposition une ceinture ou un sac à main de chez Hermès. Mais à ce compte-là, ces clients peuvent aussi venir en semaine!

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