Chômage dans les prisons15/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1915.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chômage dans les prisons

Le chômage ne s'accroît pas uniquement parmi les salariés, il touche aussi de plus en plus les détenus. Alors qu'en 2001 près de la moitié des prisonniers travaillaient, ils ne sont plus qu'un tiers actuellement. Cela est dû, d'une part, à l'augmentation du nombre de détenus en France (près de 60000), mais surtout au fait que des entreprises qui jusque-là leur fournissaient du travail ont choisi soit de le rapatrier sur leurs lieux de production, soit de le délocaliser vers des pays où la main-d'oeuvre coûte encore moins cher que la main-d'oeuvre carcérale.

Pourtant, s'il est un domaine où les salaires sont bas, c'est bien en prison. Et, paradoxe pour une institution qui enferme des individus parce qu'ils ont contrevenu aux lois en vigueur, les obligations des employeurs prévues par la législation du travail s'arrêtent aux portes de la prison. Aucun contrat de travail n'est établi pour les détenus, ils n'ont pas droit aux indemnités de congés payés, ni aux indemnités journalières de la Sécurité sociale en cas de maladie, et ils ne touchent pas les Assedic à leur sortie. Quant aux salaires qu'ils perçoivent, ils ne s'élèvent qu'à un tiers, au mieux une moitié, du smic.

Malgré tous ces désavantages, et bien qu'une loi de 1987 n'oblige plus les prisonniers à travailler, pour beaucoup d'entre eux c'est la seule façon d'avoir de l'argent. Car tout se paie en prison: savon, timbres, accès à la télévision, amélioration de l'ordinaire, etc. Il a été établi qu'il fallait au moins 200 euros par mois pour pouvoir "vivre". Or, compte tenu que les emplois proposés sont à temps partiel, non qualifiés et sous-payés, même en travaillant, les prisonniers n'arrivent pas toujours à gagner cette somme. Le travail se faisant de plus en plus rare, cela accroît la pauvreté dans les prisons et rend encore plus pénibles les conditions d'incarcération des plus démunis, qui ne pourront même plus compter sur un petit pécule à leur sortie.

En principe, la prison se donne pour mission de punir des individus, mais aussi de les réinsérer à la fin de leur peine, en assurant une formation professionnelle et en donnant la possibilité d'exercer un travail à ceux qui le souhaitent. Surpeuplement, surexploitation ou chômage, paupérisation: on est loin de la soi-disant réinsertion.

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