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Grève des Urgences : Oui il faut sauver l’hôpital!
La grève des médecins urgentistes déclenchée lundi 4 avril dans les hôpitaux publics semble être un succès, et tant mieux!
Pour y être allé soi-même, y avoir conduit un proche ou en avoir entendu parler par un collègue ou un ami, chacun le sait, dans la plupart des hôpitaux, les Urgences hospitalières sont au bord de l'asphyxie. Les salles d'attente sont bondées, on y attend des heures, les médecins et l'ensemble du personnel de soins sont contraints de travailler dans des conditions épouvantables, des malades, souvent des personnes âgées, attendent allongés sur des brancards remisés dans les couloirs pendant des heures, voire des journées entières. Et ceci, alors qu'il ne se passe rien d'extraordinaire. C'est dire ce que ce serait, ou ce que ce sera, si demain il y a une quelconque épidémie ou si la canicule sévit à nouveau cet été.
On entend dire que les Urgences seraient débordées parce que les médecins généralistes n'assurent pas les gardes de nuit et de week-end et que, du coup, les malades n'ont pas d'autre choix que de se rendre aux Urgences de l'hôpital le plus proche. Certes, la mise en place, il y a deux ans, du volontariat pour les tours de garde des médecins de ville n'a sans doute pas arrangé la situation. De même, la liberté d'installation des jeunes médecins où bon leur semble, sans qu'aucune organisation ne permette de pourvoir, d'abord, les régions où la densité médicale est la plus faible, ne va pas non plus dans le sens d'une bonne gestion du système de soins à l'échelle du pays tout entier.
Mais en fait, ce n'est pas là le principal problème, ce n'est pas pour cela que des urgentistes alertent la population en affirmant que des patients en fin de vie meurent sur des brancards. Et ce n'est pas non plus, comme on l'entend dire, parce que les patients viendraient aux Urgences «pour un simple nez qui coule» ou «pour le moindre bobo». Ces malades-là repartent chez eux après avoir été rassurés et soignés. Ce ne sont pas eux qui attendent allongés sur des brancards, ce n'est pas pour eux qu'il manque des lits, ils n'en ont pas besoin.
Les lits d'hospitalisation manquent pour tous ceux qui sont vraiment malades, pour qui les Urgences ne devraient être que le lieu du diagnostic et des premiers soins et qui devraient ensuite être hospitalisés dans des services de spécialité. Sauf que, depuis des années, de gouvernement en gouvernement, à force de vouloir faire de l'hôpital une entreprise «rentable» au sens où l'entendent les banquiers, on a fermé des lits dans tous les services.
Et cela ne va pas s'arranger. L'État continue de rogner sur le budget de l'hôpital, alors qu'il faudrait considérablement l'augmenter. Il y a peu de temps, les politiques s'enorgueillissaient de l'allongement de l'espérance de vie. Mais pour qui? Qui dit allongement de l'espérance de vie dit aussi augmentation des pathologies liées à l'âge. On dispose aujourd'hui, grâce aux progrès scientifiques et techniques, des connaissances et des moyens pour y faire face. À condition que la société investisse dans les établissements de soins, dans les maisons de retraite financièrement accessibles à tous et dans les services hospitaliers. Faute de quoi, et c'est particulièrement révoltant, des vieillards continueront de mourir dans des couloirs d'hôpitaux.