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Dans le monde
ONU et Conseil mondial de l'eau : Ceux qui font de l'or avec l'eau
L'ONU a publié, à l'occasion de la "Journée mondiale de l'eau" du 21 mars, un bilan accablant de la situation du Tiers Monde. Deux milliards et demi d'hommes n'ont pas accès à des toilettes et vivent sans le tout-à-l'égout. Un milliard et demi -le quart de la population mondiale- n'ont pas accès à l'eau potable. Dans vingt-six pays la pénurie d'eau est quotidienne et ce nombre aura doublé d'ici à 2050 selon l'ONU.
Pour des milliards d'hommes, l'eau n'est pas vraiment source de vie mais peut être source de mort. Plus de huit millions de personnes, dont la moitié sont des enfants, meurent chaque année à cause de maladies véhiculées par des eaux sales, comme le choléra, la typhoïde, etc. C'est la première cause de mortalité dans le monde. C'est aussi une des causes de malnutrition -70% de l'eau est utilisée pour l'agriculture- et même d'analphabétisme, puisque les enfants, souvent contraints de parcourir des kilomètres pour assurer la corvée d'eau, désertent pour cela les bancs des écoles.
Le Conseil mondial de l'eau déclare que celle-ci est "un défi majeur" et qu'on ne peut pas "progresser sur les questions du développement sans régler le problème de l'accès à l'eau". On ne peut qu'être d'accord! Mais les mêmes organismes internationaux se contentent de rapports qui ne changent rien à une réalité qui s'aggrave. En effet, entre 1997 et 2002, les aides publiques pour l'approvisionnement en eau ont diminué de moitié, passant de 2,7 milliards de dollars à 1,4 milliard (chiffres de l'OCDE).
Camdessus fait appel aux trusts
Pour y remédier, certains, comme Michel Camdessus, ex-directeur du FMI, devenu conseiller du secrétaire général de l'ONU dans le dossier de l'eau, préconisent des "partenariats public-privé", c'est-à-dire l'appel aux trusts de l'eau, au premier rang desquels des compagnies françaises, comme Veolia (ex-groupe Vivendi), Saur (groupe Bouygues) et la Lyonnaise des Eaux (groupe Suez). Elles ont déjà fait main basse sur ce qu'elles appellent le marché de "l'or bleu". En France, elles assurent 80% des services de distribution et d'assainissement d'eau, moyennant des profits colossaux faits sur notre dos, il suffit de voir l'augmentation des factures. Pour inciter ces trusts à investir dans le Tiers Monde, il faut qu'ils puissent faire des profits sur le dos de la population "partenaire".
Le président du Conseil mondial de l'eau fustige ceux qui préfèrent financer dans les pays pauvres "des infrastructures pour développer l'accès au téléphone portable plutôt qu'à un robinet d'eau propre". Mais c'est la logique d'un système qui, dans un océan de misère, se préoccupe seulement de faire des profits avec tout ce qui peut se vendre, et est incapable de satisfaire les besoins les plus élémentaires des populations qui ne sont pas solvables.