Le soutien du PS ne rend pas meilleure la Constitution Giscard-Chirac31/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1913.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Le soutien du PS ne rend pas meilleure la Constitution Giscard-Chirac

Depuis que les sondages donnent le "non" gagnant au référendum sur la Constitution européenne, cela s'agite dans le camp de ceux qui appellent à voter "oui", Chirac en tête. Le président de la République en voyage d'affaires au Japon, entre une réception chez l'empereur et un match de sumos, s'est fendu d'un vigoureux appel: "La sauvegarde de notre modèle social suppose de répondre oui". Oh qu'il est beau, ce modèle social, avec près de trois millions de chômeurs, à peu près autant de précaires, des salaires insuffisants, la pauvreté qui s'étend, sans parler des écoles ou des bureaux de poste que l'on ferme, des hôpitaux surchargés où le personnel soignant n'en peut plus! Que Chirac, flanqué de Raffarin, continue comme cela, et le "non" continuera à monter!

Et les ministres de répéter à la télévision qu'il faut plus de "pédagogie" car les électeurs sont mal informés sur le projet de Constitution. Mais il n'y a pas besoin d'éplucher ce lourd pavé indigeste pour comprendre que ce projet de Constitution, soutenu par Chirac, Raffarin, Sarkozy qui mènent ici, en France, une politique qui foule aux pieds les intérêts des travailleurs, ne peut rien contenir de bon pour les classes populaires de France ou d'Europe.

Mais le camp du "oui", c'est aussi une bonne partie de la direction du Parti Socialiste. Une fois de plus, les Hollande, Strauss-Kahn ou Jospin se retrouvent derrière Chirac et s'échinent à expliquer que ceux qui veulent une Europe "plus sociale", "plus démocratique", devraient voter "oui". L'ex-bras droit de Jospin, ex-ministre de l'Intérieur, Daniel Vaillant, mérite le pompon pour avoir affirmé, en substance, le 28 mars sur une chaîne de télévision, qu'il faut voter "oui" car la Constitution permettra de mener une politique de gauche et de faire une Europe sociale.

Mais c'est bien sûr! C'est sans doute cette Constitution qui a manqué à Jospin pendant ses cinq ans de gouvernement!

Alors il faut voter contre cette Constitution, qui non seulement n'apporte rien aux travailleurs mais qui contient tout un fatras réactionnaire et aligne les droits et les libertés démocratiques par le bas.

Mais, tout en votant pour le "non", il ne faut pas attendre de la victoire du "non" plus qu'elle ne peut donner. L'offensive menée contre les travailleurs par le grand patronat dans tous les pays d'Europe, quel que soit le gouvernement en place, n'a rien à voir ni avec la Constitution, ni avec Bruxelles.

Ce ne sont pas les institutions européennes ni même le gouvernement qui dirigent l'économie, mais le grand patronat. Seillière, le président du Medef, l'a rappelé sèchement à Raffarin lorsque le Premier ministre, pourtant à plat ventre devant le grand patronat, s'est avisé de parler salaires après les manifestations du 10 mars. Les salaires, ce sont les patrons qui en décident, pas le gouvernement, a-t-il affirmé, reprochant même au gouvernement d'envisager une augmentation pour les travailleurs du secteur public qui dépendent de lui. Une augmentation pourtant misérable car, à la suite des négociations convoquées mardi 29 mars, elle n'atteignait même pas 10 euros par mois pour les bas salaires du service public!

Que l'on tienne la déclaration de Seillière pour dite. Si les travailleurs veulent obtenir satisfaction aux exigences qui sont vitales pour arrêter l'appauvrissement du monde du travail, il faut faire reculer le gouvernement certes, mais surtout le grand patronat qu'il représente. Ces exigences découlent des intérêts communs à tous les travailleurs: arrêter les licenciements collectifs, mettre fin à la précarité et au chômage, quitte à répartir le travail entre tous, augmenter tous les salaires. Les entreprises ont fait beaucoup de profits, ce sont les patrons eux-mêmes qui le disent. Cette richesse doit empêcher ceux qui l'ont créée de tomber dans la pauvreté. Mais le grand patronat ne cédera que devant un mouvement de grèves et de manifestations se généralisant, où il aurait à craindre de tout perdre en ne voulant rien lâcher!

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 29 mars

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